Doux et sucré comme un abricot mûri par le soleil méditerranéen. Dur et intemporel comme une statue grecque conservée dans le limon d'une rivière. Au soleil de la terrasse de la bâtisse italienne, on peut presque voir et sentir la nature luxuriante entourer Elio et Oliver et assister à la naissance de leur amour. Un amour pur, particulier, aussi difficile à appréhender qu'à contenir. Dans cet écrin de chaleur et de beauté, deux êtres se découvrent, s'apprennent et s'entrelacent. Leur peau diaphane n'est pas sans rappeler certains vestiges de l'antiquité. Les ombres et les lumières flattent leurs physiques d'éphèbes. Peu importe l'âge, peu importe les tabous, l'amour, physique, maladroit, intime et intense émerge. Rien n'y fait obstacle, rien ne l'entrave. Drapée d'autant d'instinct que d'intelligence, la relation entre Elio et Oliver semble hors du temps, évidente et suspendue comme pour dialoguer avec les principes d'Héraclite, philosophe grec dont la pensée se résume vulgairement à l'idée qu'un être est en éternel devenir. Leur relation est-elle en devenir ? Call Me By Your Name semble être une parenthèse heureuse et poétique au point de nous ne souhaitions qu'elle ait toujours existé, sans début ni fin, pour l'éternité. Elio et Oliver, connectés au point d'échanger de prénom, comme pour dire "nous ne faisons qu'un". C'est la force des sentiments des premiers émois adolescents, bien qu'Oliver ne soit plus adolescent depuis longtemps. Des émois qui surviennent en vacances, hors du quotidien brisant de nombreux coeurs, meurtris à la fin du mois d'août. C'est peut-être comme cela que le spectateur se sent à la fin : aussi heureux que triste la fin de l'été venu.