Ça fait un bout de temps que je prévois d’écrire une critique sur « Call me by your name ». C’est un morceau de cinéma très émotionnel qui évoque beaucoup de sentiments et sur lequel il est très dur de mettre le doigt. J'ai eu beaucoup de mal à sortir des mots de ce premier visionnage mais j'ai finalement pu comprendre le film un peu mieux grâce au visionnage d'une ou deux vidéos expliquant les procédés que Guadagnino utilisé tout au long du film.
C’est tout d’abord un choix intéressant pour le Directeur Luca Guadagnino qui est également directeur pour le remake du film d’horreur culte italien « Suspiria » sorti quelques mois après « Call Me By Your Name ». Le film relate l’histoire d’Elio, fils d’un professeur d’histoire gréco-romaine et d’Oliver, un Américain préparant un doctorat et qui réside temporairement chez les Perlman.
« Call me by your name » n’est pas un film pressé. C’est, en fait, un film relativement lent. Le film ouvre tranquillement sur un décor estival et doux dans lequel progressent les Perlman, riches et à l’aise dans la campagne italienne de 1980. Il ne se passe pas grand-chose, mais on observe, et on prend le temps d’apprécier ce cadre idyllique et intemporel. Le film se poursuit comme un crescendo avec l’arrivée d’Oliver et cette tension un peu psychologique mais surtout émotionnelle qui naît lentement entre ce-dernier et Elio.
C’est avec une surprise presque anticipée qu’on voit naître de cette tension une flamme entre les deux protagonistes. L’événement apparaît naturellement et tranquillement, comme presque inévitable tant cette romance nous semble organique. Effectivement, les deux acteurs sont remarquables dans leurs rôles et se prêtent à cette atmosphère tranquille autant par leur physique que par leurs performances mais aussi par une amitié évidente qu’entretiennent les acteurs dans la vraie vie.
Le film garde à présent la même allure mais se concentre sur la romance entre Elio et Oliver. L’ambiance est rêveuse et somnolente. Luca Guadagnino utilise tout ce qu’il peut pour renforcer ce sentiment, le spectateur est intimement inclus dans ce duo. Le montage est paresseux, la bande-son presque exclusivement composée de piano entrecoupe les brefs échanges entre les personnages. Mais une palette de couleurs prononcées imprégnant chaque plan d’une subtile émotion et d’une beauté singulière.
Ce n’est qu’en voyant la fin que l’on comprend le principe du film. La fin contraste clairement avec le du film d’abord avec ce changement de saison. L’hiver apporte un froid physique mais aussi émotionnel à l’écran. Et celui-ci est rendu visible en termes de couleurs, les couleurs sont ternes et froides certainement pour représenter un retour douloureux à la réalité. Un réveil prématuré fatal au rêve qui animait notre esprit dans sommeil plein de confort et de chaleur. Ce n’est donc pas un hasard si le début semble si rêveur et chaleureux. Non, mon idée n’est pas que rien de ce qu’ont vécu Elio et Oliver n’est vrai mais plutôt que c’est dans le passé. Celui d’Elio pour être précis. L’histoire n’est qu’un flashback nostalgique d’Elio.
Ce choix de narration est remarquablement cohérent avec la volonté de Guadagnino de représenter le désir au travers de ses personnages. C’est, certes, une thématique évidente tout au long de l’histoire mais le message est clair lorsque l’écran vire au noir. Le désir est encore présent et il hante Elio tout comme ce film hante le spectateur, lui-même soudainement victime du désir d'une relation aussi passionné et belle que celle des deux protagonistes. Ou peut-être simplement l'espoir que la fin du film ne représente pas la fin cette relation...