Un amour d'été éphémère ne peut pas être léger.
Si le petit monde de Call me by your name semble être idyllique autour de cette maison dans le nord de l'Italie, j'ai l'impression qu'il cache en lui toute une histoire à partir de laquelle chacun doit se construire.
L'intrigue gravite autour de la relation naissante entre Elio et Oliver, une expérience initiatique de désir, faussement cachée et consciemment acceptée et orchestrée par les parents d'Elio.
Dans un décor où les archéologues trouvent des ruines de statues héllenistiques, où un mémorial d'une guerre mondiale trône aux côtés d'une affiche du Duce, où les cloches des églises retentissent, où la musique pop américaine fait danser les foules, j'ai l'impression que cette histoire d'amour s'inscrit dans l'histoire de cette famille juive polyglotte, qui cherche à se construire en tenant compte de sa propre histoire et de l'histoire de l'environnement où se déroulent ces vacances.
Et l'histoire d'amour entre Elio et Oliver est une nouvelle pierre à cette Histoire, marquée par les frustrations d'un père qui n'a pas eu la chance d'aller aussi loin et qui semble chercher à faire vivre les mystères de l'amour et du désir, à la fois dans son travail en cherchant comment les artistes d'autrefois inscrivaient dans leurs sculptures la beauté qu'ils voyaient et qu'ils désiraient ; et dans sa vie familiale, en permettant à son fils d'aller plus loin qu'il ne l'a jamais été dans l'exploration de ses mystères ; tandis que sa mère laisse son fils vivre ces expériences plus silencieusement mais le rappelle par son propre prénom pour qu'il continue la construction de sa vie, afin qu'il ne s'oublie pas et ne se perde pas dans le prénom de l'autre qui l'a aspiré le temps d'un été.