Au sein de l’industrie cinématographique pan-Chinoise, Benny Chan est probablement le réalisateur le plus inconsistant qui soit. Spécialisé dans l’action virile, l’homme est capable aussi bien du meilleur que du pire. Le pire, c’était sa consternante version des films de super héros, l’improbable City Under Siege. Le meilleur, c’était son dernier film, The White Storm, qui retrouvait par moment l’intensité du Une Balle dans la Tête de John Woo. Call of Heroes partait sur de bons auspices. Benny y retrouvait une partie du casting de son film précédent (Lau Ching Wan et Louis Koo) et s’adjoignait les services du légendaire Sammo Hung pour l’épauler en matière d’action. Et pourtant, le résultat, sans être désastreux, s’avère décevant.
La Chine en 1914. Suite à la chute de la dynastie Qing et la tentative avortée de république, le pays est en quasi situation de guerre civile. Le petit village de Pucheng a jusqu’ici été épargné par les ravages occasionnés par les affrontements entre les seigneurs de la guerre. Yang Kenan (Lau Ching Wan), le sheriff des lieux, fait de son mieux pour que la paix demeure. Mais les choses dégénèrent quand le fils d’un des seigneurs de la guerre (Louis Koo) fait son apparition dans le village, tuant plusieurs de ses habitants de sang-froid. Arrêté et condamné à mort, la sentence est suspendue quand les troupes du seigneur de la guerre font leur entrée dans le village pour libérer le fils de leur leader. Yang Kenan doit alors choisir : Soit libérer le prisonnier et occasionner un déni de justice, soit procéder à la sentence et risquer les représailles des militaires sur le village…
Western sauce soja
Le scénario de Call of Heroes renvoi à certains des plus grands westerns de l’âge d’or du cinéma Américain. On pense à Rio Bravo de John Ford ou au Train Sifflera Trois Fois de Fred Zinnemann. Certains plans évoquent également les classiques du cinéma Japonais, les Sept Samouraïs d’Akira Kurosawa en tête. Malheureusement, ces belles références ne sont pas servies au mieux par le scénario de Benny Chan et ses collaborateurs. La faute à une caractérisation grossière et le recours trop fréquent à des grosses ficelles scénaristiques. Le problème est récurent chez le metteur en scène. A vouloir à tout prix être compris du grand public, il en oublie toute forme de subtilité. C’est particulièrement flagrant dans le personnage de Louis Koo. Celui-ci est très certainement inspiré du fils de Li Jihua qui fut impliqué dans un accident de circulation et dont l’affaire fut maladroitement couverte par les autorités. Un parallèle avec les pratiques de l’élite politique chinoise actuel fort intéressant. Mais la manière dont il est présenté dans le film tient plus du psychopathe maboule que du « fils de » pourri gâté, annihilant de fait toute réflexion possible sur ce type d’abus de pouvoir. Les thèmes, l’opposition justice contre loyauté tout particulièrement, sont traités à l’avenant, de manière grossière et outrancièrement dramatisées (voir la séquence où le village demande au sheriff de relâcher le fils de Cao).
Sammo Hung à la rescousse
Ce scénario à la finesse digne d’un panzer est d’autant plus regrettable que le film se tient bien pour le reste. La reconstitution de l’époque est soignée et crédible. La photographie est contrastée avec style. La plupart des prestations sont solides (minus Eddie Peng et Louis Koo). Et les scènes d’action sont spectaculaires à souhait. Un grand soin a été apporté aux choix des armes utilisés par les principaux protagonistes et l’environnement dans lequel ont lieu les affrontements. Ces combinaisons sont exploitées au mieux par Sammo Hung et permettent d’apporter un petit degré d’originalité aux combats, les distinguant du tout venant de la production du genre.