Après avoir réalisé un premier pas de côté avec l’épouvante et la réalisation des Vampires (1957), Riccardo Freda et son acolyte Mario Bava se lancent dans la science-fiction avec ce Caltiki, le monstre immortel. Comme pour l’épouvante, les deux compères s’inspirent aussi bien du cinéma américain que du cinéma britannique. Comment, en effet, ne pas penser à Danger immédiat et à La Marque à la vue de cette incursion dans le genre ? Le résultat, grâce à la qualité technique et au sens de la dramaturgie narrative de ses deux auteurs se hissent à la hauteur de ses modèles. Si on pourra moquer le tournage en studio de certaines séquences censées se dérouler en Amérique du Sud et pointer du doigt certaines maquettes miniatures très visibles, il n’empêche que le duo démontre qu’on peut réaliser un film tout à fait notable avec quelques bouts de ficelle. D’abord parce que la première partie du film est tout simplement remarquable. Censée se dérouler au sud de Mexico, aux abords d’un temple Maya, elle fonctionne parfaitement. Les projections murales font illusion, la grotte est crédible et ce mélange de démarche archéologique et de fantastique annonce, dans une certaine mesure, l’univers d’Indiana Jones.


Le mystère est bien amené, le contexte tribal (avec une danse censée repousser le Mal) bien posé et la réalisation ingénieuse. Si on peut sourire de quelques effets spéciaux (notamment, la masse maléfique qui ressemble à un ensemble de linges mouillés), l’introduction de scènes gore est ensuite surprenante et très efficace. Quant à la menace qui prend forme une fois rentré du Mexique, elle est amenée avec un véritable sens du rythme. À une époque où les films de science-fiction sont parfois bavards (c’est le cas des modèles américains des années 1950 mais aussi de la série des Quatermass produite par la Hammer), ce premier essai italien va à l’essentiel avec sa longue introduction qui fait mouche. On pourra trouver que le rythme du récit perd ensuite en intensité avec quelques explications scientifiques mais le script reste rongé à l’os pour aller à l’essentiel. Cependant la dimension aventure du début est plus convaincante que la partie scientifique et urbaine qui respecte pourtant totalement le genre.


Dommage dans ce contexte que les personnages manquent cruellement de présence. Le couple principal est ainsi particulièrement fade et on peine à s’intéresser à eux. Aussi, quand ils se retrouvent en danger, l’intensité n’est pas aussi forte qu’elle aurait dû l’être. On préférera, à ce titre, le personnage de Max, qui rappelle totalement celui de La Marque de Val Guest, et celui de sa compagne. Leur trajectoire plus tragique est celle qui donne une véritable intensité dramatique dans la deuxième partie du récit. Traversé de belles idées et, surtout, de belles trouvailles visuelles, le résultat, s’il n’est pas haletant, forme une série B tout à fait correcte.


Play-It-Again-Seb
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