Le pitch de Calvaire s'annonçait aussi rude, qu'excitant et douloureux d'avance. Si j'appréhendais son visionnage, je peux désormais faire le point sur les trois attentes nommées ci-dessus.
Rude ? Oui. La lenteur impitoyable du film impose une patience d'or, de même qu'une atmosphère des plus grises et poussiéreuses, saupoudrées de scènes toutes plus malaisantes les unes que les autres.
Excitant ? La dite excitation retombe bien vite : la sauce ne prend pas. Le pouls ne s'accélère pas, et il ne reste alors plus que le dégoût face à la zoophilie et les plus bas instincts représentés par une bande de dégénérés consanguins loin de tout.
Douloureux ? Sans doute pour le personnage de Laurent Lucas et son fondement, en effet.
Dommage que le réalisateur s'égare parfois, semblant vouloir donner à son œuvre quelques traits exécrables de film d'auteur certes unique en son genre, mais d'un lourdingue carabiné. Le rythme est mal géré, certains effets de caméra également (malgré quelques plans astucieux), et si le sentiment d'isolement est convenablement retranscrit, il manque beaucoup trop d'éléments à Calvaire pour être qualifié de film digne de ce nom.
L'influence de Délivrance est palpable de par cette communauté d'attardés qu'il est parfaitement capable d'imaginer encore bien réelles dans la France profonde. Pourtant, le manque d'ambition de l'équipe technique, un scénario brouillon et une mise en scène inadéquate ont tendance à nous laisser en plein marasme, une petite moue de déception sur le visage. Sans compter cette fin grotesque, et incompréhensible. Aucune subtilité ne fait vivre le film, et le concours au sale et au crasseux coupe court à tout espoir de voir le tout s'améliorer, au fil des minutes.
En tout cas, ça donne pas envie de passer ses vacances dans le Nord, ça c'est sûr.