Calvaire, c'est l'histoire géniale de la vie.
Un animateur de maison de retraite, pas mal loser, limite misanthrope, qui écume la pampa pour donner du bonheur à ceux qui n'en ont plus pour longtemps, ou ne se rappellent plus de ce que ça veut dire.
Il rencontre au cours de ses pérégrinations campagnardes des personnes aussi isolées que lui, qui n'ont plus assez de vie sociale pour se souvenir de la chair et de ses effets, qui sont prêtes à tout pour en retrouver le parfum.
Ça commence comme ça Calvaire, par le refoul d'une infirmière légèrement défraîchie, pourtant prête à se donner corps et âme pour se sentir vivante, pour sentir une bite, pour vibrer. Un rejet clair et net.
Mais c'était sans compter sur mère Nature, et mère Véhicule de merde, dont la rencontre provoquera la perte de notre charmant héros antipathique.
Ça lui apprendra à demander de l'aide au premier paysan qui passe.
Le film instaure le malaise dès le départ, en confrontant misère sociale et humaine, les liant pour déstabiliser. Par la suite, le film montre sous toutes ses facettes l'isolement, la déprime, la haine, et une peu la folie aussi, puisque le gentil héros devient, dans les yeux de son trouveur, sa chère femme disparue, mais en version attachée et torturée gaiment.
Un village rempli uniquement d'hommes frustrés, qui ont oublié leurs manières et qui tous pensent avoir retrouvé "la femme".
Hormis quelques passages difficiles du point de vue de l'immersion (la danse) et un rythme global plutôt lent, l'ensemble promet des moments bien glauques, bien crades, bien dérangeants et, on va pas se mentir, c'est bien ça qu'on voulait voir... Mention spéciale à la scène de fin, quand même, ultime.