Étrange film qu'est « Camille Claudel », pas vraiment réussi, mais vraiment pas raté non plus. Pour sa première réalisation, Bruno Nuytten, brillant directeur de la photographie, n'évite pas quelques lourdeurs techniques et scénaristiques rendant l'ensemble un peu pesant, pour ne pas dire assez froid. De manière paradoxale, ce biopic (qui n'en est d'ailleurs pas vraiment un) a pourtant quelque chose d'excessif convenant bien au sujet, donnant à cette tragique histoire d'amour une dimension presque lyrique, que l'on ressent notamment dans les dernières minutes.
Cela dit, s'il vous faut UNE raison pour découvrir l'œuvre, celle-ci est ailleurs, et s'appelle évidemment Isabelle Adjani. Car si Gérard Depardieu est un Rodin crédible et les seconds rôles de bonne tenue, ils sont dévorés par la présence de la sublime brune, transcendée par cette femme d'exception au terrible destin, devant laquelle on ressent chaque instant le regard passionné de son compagnon-cinéaste (comme on le comprend...). Bref, si « Camille Claudel » souffre de vraies manques et n'est pas aussi passionnant qu'on aurait pu l'espérer, le contexte historique, le rendu visuel et surtout son immense actrice valent donc le détour : une œuvre à part.