Jeune femme de bonne famille, Camille Claudel s'adonne passionnément à la sculpture et le réalisateur Bruno Nuytten sait rendre compte de sa créativité fiévreuse -dont on ne sait d'ailleurs si elle a réellement influencé l'histoire de la discipline.
La première partie du film est plutôt intéressante, qui évoque notamment la rencontre entre Camille et le maître Rodin, artiste déjà consacré et pas indifférent au talent de celle qui devient sa protégée. Le film est alors, également, une introduction, pour le profane, à l'art méconnu, voire obscur, qu'est la sculpture. Cependant, l'académisme de la mise en scène -dont l'antithèse pourrait être le "Van Gogh" de Pialat- devient vite pesant, à la fois par son esthétisme ostentatoire, tant dans les cadrages et éclairages que dans la reconstitution d'époque, et par les clichés attachés à l'artiste maudit, à la création dans la douleur.
Bientôt, leur relation amoureuse déchirée ou leur rivalité artistique font de Camille Claudel et de Rodin deux sombres figures romanesques exposées aux affres de la création et de la passion. Sans doute, la composition d'Isabelle Adjani est intense -qui tourne au numéro d'actrice lorsque Camille se perd dans la paranoïa et la démence- mais ce n'est pas le cas de la mise en scène, qui manque de singularité, de vitalité, qui manque tout simplement d'épouser le caractère passionné de l'héroine.
Trop long, le film consiste en une succession de scènes dramatiques au formalisme conventionnel, de moments intimistes ternes, parfois redondants, qui nous détournent de la part la plus intéressante du sujet, oubliée au fur et à mesure du récit: le mystère de la création, la beauté du geste du sculpteur.