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Le film parle non seulement du travail de Camille Claudel en tant que sculptrice, mais aussi de sa relation destructrice avec son maitre Auguste Rodin, dont la séparation sera vécue très douloureusement par la jeune femme, au point qu'elle sombrera dans la folie en 1913 pour mourir trente ans plus tard dans un asile.


C'est clairement LE projet d'Isabelle Adjani, qui a initié le projet, coproduit, imposée le réalisateur (alors compagnon) Bruno Nyutten, et ce avec raison, car il contribuera à la redécouverte du talent de Camille Claudel, qui était jusque là éclipsée par Rodin, mais ça sera un succès critique et commercial, laquelle Adjani sera nommée aux Oscars pour le rôle. Il faut dire qu'elle porte le film sur ses épaules, et bien qu'elle joue encore le rôle d'une névrosée, un peu comme dans Possession, auquel on pense pour parler de la glissade vers la folie, elle est clairement formidable. Car elle est du genre à se donner, à son art, mais aussi à Auguste Rodin auquel Gérard Depardieu lui donne ses traits. Lequel est lui aussi étonnant, car il a clairement un air bourru, mais il se montre également touchant, presque désolé de ce qui arrive, quand il annonce à Claudel qu'il ne peut pas quitter sa légitime pour elle, et se doit de résister à la tentation, y compris quand elle hurle sous ses fenêtres jusqu'à les casser avec des cailloux.


Le film montre bien la création, la suggestion de modèles, la difficulté d'utiliser le burin, mais cela donne des oeuvres magnifiques. Notons aussi la présence d'Alain Cuny qui, par un clin d'oeil du passé, joue le père de Camille Claudel, et donc de Paul ; quand on sait l'amour qu'il portait aux textes de ce dernier, l'ironie en est d'autant plus savoureuse, même s'il faut encore s'habituer à son phrasé très lent, comme s'il parlait à la postérité...

Il est seulement dommage que la mise en scène de Nuytten ne soit pas à l'avenant de l'interprétation, ainsi que rythme (près de 3 heures !) qui aurait pu être raccourci. C'est clairement à voir en complément de Camille Claudel 1915, avec Juliette Binoche, sur ses années d'internement, ainsi que Rodin, avec Vincent Lindon, qui serait en quelque sorte le contrechamp, du point de vue artistique, du film de Nuytten. Ce qui ne retire en rien ses qualités.

Boubakar
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