Dans «Camille Claudel 1915» (2012), Bruno Dumont «imagine» trois jours de la vie de la sculptrice française qui fut la compagne de Rodin avant de passer les trente dernières années de son existence dans un asile psychiatrique. Juliette Binoche, sidérante d’émotion, y tient le rôle de sa vie, sublimée par d’admirables plans larges minutieusement composés: ici tout est dit à travers les corps, les paysages, les objets, les regards, tandis que les mots (particulièrement ceux de Paul Claudel, le frère de Camille, qui cache sa lâcheté derrière un mysticisme exalté), semblent bien dérisoires face à la douleur et à l’injustice. Témoignage sur l’absolue solitude d’une artiste qui ne créera plus jamais, «Camille Claudel 1915» est un film déchirant et indispensable si l'on s'intéresse à l'histoire de l'art.