Je découvre ce film de 1988 trente-cinq ans après sa sortie. Mes impressions sont mitigées. Il y a deux films dans ce film. Tout d’abord, un film anticolonialiste qui s’appuie sur des faits historiques indiscutables d’où la France ne sort pas grandie. Cette partie-là est excellente grâce à une galerie de personnages inspirés du réel. Bertrand Tavernier a dû visionner ce film quand il pensait à adapter le roman « 1280 âmes » qui deviendra le « coup de torchon ». Et puis, il y a le film, le cinéma. Le scénario suit le déroulement linéaire des faits pas à pas. Les acteurs jouent assez juste, mais leurs personnages inspirés du réel sont caricaturaux. La mise en scène accumule les maladresses de film amateur, le montage ne sait pas se servir des ciseaux pour concentrer l’action. Ça fait beaucoup de maladresses pour que ce film soit un grand film. Il reste le propos du réalisateur qui expose le discours anticolonialiste sur la France des colonies qui a su faire appel aux Africains quand la patrie était en danger, mais n’a eu aucune reconnaissance envers ceux qui ont donné leur sang pour elle. La leçon de la Première Guerre mondiale n’a pas servi puisque les mêmes faits se sont reproduits en 1945. À voir pour comprendre, s’il est encore besoin, comment la colonisation a creusé elle-même sa tombe.