Jordan Peele a produit et co-écrit le scénario de ce remake de Candyman datant de 1992. Mon âme de cinéphile ne pouvait être qu'emballée à l'idée de découvrir cette nouvelle invention horrifique. D'autant plus qu'il s'agit du premier film d'une jeune réalisatrice afro-américaine, Nia DaCosta. 29 ans après son oeuvre originale, le récit de cette légende urbaine devient plus social et politique. En effet, cette histoire de croque-mitaine vengeur, apparaissant dans les miroirs après qu'on l'ait appelé à cinq reprises, est une façon de dénoncer le racisme ordinaire. Visuellement très intéressant grâce à ses nombreux points de vue en contre-plongés, ses séquences en théâtre d'ombres ainsi que la place centrale de l'art picturale dans son intrigue, Candyman se distingue également par une superbe bande originale signée Robert Aiki Aubrey Lowe. Les éléments de cette parure esthétique m'ont beaucoup plu et procuré des frissons, et ce, malgré un scénario moins malin et ambigu qu'escompté... En effet, je trouve déjà que le long-métrage prend beaucoup trop de temps à se mettre en route. La peur a beaucoup de mal à se mettre en place et, par manque de subtilité sans doute, enchaine maladroitement les scènes de meurtres de façon stylisée et trop gratuite. Ce slasher gore, sous couvert du mouvement Black Lives Matter, aborde la question des violences policières mais finit par devenir mécanique dans son développement. La psychologie des personnages ne prend pas aux tripes, comme ont su le faire si habilement Get Out et Us, laissant l'interprétation des acteurs principaux au placard. On sent que Nia DaCosta gère carrément la plasticité de son premier film, mais pêche sur la direction d'acteurs. C'est dommage car j'aurai aimé avoir plus de tension émotionnelle, plus de nuances et d'ambiguïté, plus de suspense aussi. Et je ne parle pas de la fin, qui sombre dans le grand n'importe quoi, avec une sur-explication du message (comme si on l'avait pas compris !) et un gros clin d'oeil au film original... Intelligent et stylé, Candyman l'est, mais terrifiant, pas vraiment. Et c'est là que le crochet blesse !