Visionné lors d'une séance spéciale organisée par le comité Thomas Sankara et l'association Survie en présence de Mariam Sankara.
Avec son documentaire qui tombe à pic aux vues de l'actualité, Christophe Cupelin rends un superbe hommage au leader révolutionnaire Thomas Sankara qui transforma radicalement le Burkina Faso entre 1983 et 1987. En seulement 4 ans il entreprend une mise en pratique des théories marxistes pour débarrasser la "terre des hommes intègres" de l'impérialisme français. Autant dire que ce n'était pas une mince affaire mais il désigne chaque problème avec justesse et met en place des moyens drastiques sans épargner sa personne qui n'est au fond jamais rien d'autre qu'un élément du peuple. De ce fait il va disséquer plusieurs aspects d'une colonisation persistante économiquement, politiquement et mentalement qui permet à la France d'utiliser la Haute-Volta (nom colonial du Burkina abandonné à l'arrivée au pouvoir de Sankara) comme d'un réservoir de ressources et de main d'oeuvre. Il initia des campagnes pour sensibiliser le peuple à une économie autonome (produire au Burkina, par les Burkinabés, pour les Burkinabés), sur la place des femmes, à l'alphabétisation pour tous, à la démocratisation des soins, à la réappropriation de la culture par le peuple et de manière visionnaire : à l'écologie. Ces campagnes vont de paire avec la mise en place de mesures concrètes, appliquées en un laps de temps record.
C'est précisément ce que le film nous permet de mesurer grâce à une grande quantité d'images d'archives.
Cependant, si le documentaire a pu être aussi complet c'est en parti grâce au choix qu'a fait le réalisateur de garder des bandes endommagées par le temps et les mauvaises conditions de conservation. Il y a beaucoup de scènes avec des couleurs étranges (ciel jaune uni, présentateur de TF1 ressemblant à un schtroumpf). Ça pourrait être le seul bémol mais je tiens à préciser que ce n'est absolument pas gênant, au contraire, en notre position de spectateur amateur de documents uniques, ça devient presque un privilège d'y avoir accès.
Enfin, on regrette que l'histoire ne permette pas encore de définir le rôle de la France dans le coup d'état qui causa la mort du Capitaine Thomas Sankara bien que pour beaucoup il ne fasse aucun doute qu'elle avait des intérêts à le voir disparaître le plus rapidement possible.
N'oublions pas qu'encore aujourd'hui la France a la main mise sur beaucoup de pays du continent africain et est prête à tout pour maintenir son hégémonie.