De documentariste à propagandiste
Au début de sa carrière, Michael Moore parvenait à réaliser des documentaires poignants, drôles et passionnants, grâce à son rapport avec les petites gens. Roger & Me en est une preuve parfaite.
Cependant, depuis quelques temps, Michael Moore a franchi la ligne rouge. Il est passé de documentariste à polémiste. Ce qui l’intéresse aujourd’hui, c’est de donner un coup de pied dans la fourmilière, pas de mettre en lumière sa petite ville de Flint. Si les films en souffrent un peu, ils restent cependant de très belles œuvres. Capitalism : A Love Story, sa dernière œuvre à ce jour, est un film qui aurait mérité une durée plus longue. Ce qui aurait dû être un film fleuve, revenant clairement aux arcanes du capitalisme et de l’économie se trouve être une suite de séquences plus ou moins réussies (les plus réussies sont réellement bonnes) qui tournent au prêchi-prêcha dans la deuxième heure, tant le film est biaisé et clairement suspicieux. Les faits sont tellement effarants qu’il est impossible de l’imaginer totalement honnête. La voix off de Michael Moore en fait des tonnes dans l’interprétation (n’oublions pas que Moore a été un très mauvais acteur dans l’abominable Lucky Numbers) et assène une suite de propos qu’un spectateur pas trop convaincu peut prendre pour de la propagande. En revanche, en termes de cinéma, Capitalism : A Love Story possède le même talent visuel qu’on a pu voir dans les autres films de son auteur, tout comme cette même virtuosité au montage.
En termes de cinéma, Capitalism : A Love Story est un très bon film. Malheureusement, son idéologie est si répétée qu’elle finit par lasser. On a connu Michael Moore (fatigué selon ses propres dires) beaucoup plus subtil.