Jeune réalisateur prometteur devenu très rapidement maudit et banni de Hollywood, Josh Trank base son troisième film sur les derniers jours d'un Al Capone devenu dément pour un long-métrage qui a vécu lui aussi une sortie compliquée, suivant un tournage discret et une promotion inexistante pour finalement sortir directement en VOD. Après la surprise Chronicle, le fourvoiement Fantastic Four et l'abandonné Boba Fett, que vaut ce biopic ténébreux du plus ingérable des nouveaux créatifs américains ?
Allergiques aux grognements de Tom Hardy, ne vous infligez pas une nouvelle peine tant les rares vrais dialogues du héros-titre tiennent sur un post-it. L'acteur britannique continue ainsi de grommeler à travers un puissant maquillage où, dégarni, yeux injectés de sang et peau massacrée, il déambule pendant tout le film, fatigué et l'air hagard. Une prestation intéressante, Hardy étant comme d'ordinaire habité, mais que beaucoup pourrait trouver sommaire et répétitive. Ne vous attendez également pas à contempler les belles années du plus célèbre gangster, ni même une réelle intrigue policière ou un remake des Incorruptibles, Trank s'intéressant aux derniers jours d'un homme rongé par la syphilis, les regrets et les souvenirs hasardeux, filmant au plus près une loque sénile qui n'arrive plus à aligner deux mots, se chie dessus et rêve constamment éveillé.
Le portrait dégueulasse de celui que l'on surnommait 'Scarface' est ainsi réussi mais constitue également le principal défaut du film : ce dernier ne raconte pas grand chose. Hormis quelques hallucinations bien orchestrées, une mise en scène hypnotique et un casting quatre étoiles comprenant également Linda Cardellini, Matt Dillon et Kyle MacLachlan, Capone reste en surface, ne creuse pas suffisamment le caractère de ses personnages (la relation père-fils, centrale au récit, n'est ici qu'effleurée) et ne va pas plus loin que son synopsis. On aurait ainsi préféré une réelle trame scénaristique, un vrai rythme et une quelconque fulgurance de la part du réalisateur-scénariste-monteur, ce dernier proposant un film certes atypique mais pas vraiment consistant.