Imaginez, Al Capone en robe de chambre, une couche d’incontinent en guise de sous-vêtements, le cigare au bec et entre les mains, la sulfateuse en or en action, déchargeant des bastos à la pelle dans sa propriété de Floride. Non, vous ne rêvez pas, la scène existe bel et bien. Il pourrait s’agir d’une suite au cultisme “Bubba Ho-Tep” de Don Coscarelli. Rappelez-vous, cette croustillante comédie fantastique dans laquelle Elvis Presley (Bruce Campbell) - icône lui aussi de l’Amérique - vieillissant, mais bien vivant, combattait une momie égyptienne bien décidée à extirper par le fondement les derniers souffles de vie de ses victimes ! Eh bien, il n’en n’est rien. Le film qui nous intéresse ici s’intitule sobrement “Capone”, il est dirigé par Josh Trank, réalisateur du gentillou “Chronicle” et de l’intordable “Les quatre fantastiques”. Bref, il n’y a pas de momie dans “Capone” - quoique ! - s'il y en avait une bien sûr, elle devrait y réfléchir à deux fois avant de visiter le fondement du plus célèbre gangster de l’Amérique de la prohibition, ceux qui ont vu le film comprendront ! Nous sommes en 1946 à Palm Island, Floride, Al Capone (Tom Hardy), rongé par la syphilis, n’est plus que l’ombre de lui-même et c’est un doux euphémisme. Âgé alors de 48 ans et ayant subi plusieurs attaques cérébrales - le laissant tel un zombie - celui qui est nommé "Fonso" par sa famille proche et sa garde prétorienne passe une retraite tranquille - beaucoup trop d’ailleurs - comme lui, le spectateur s’emmerde à mourir. Au bout d’une demi-heure - longue comme un jour sans pain - où il ne se passe strictement rien - Tom Hardy - qui est un mix entre un homme de cro-magnon pour les grognements et un lapin russe pour les yeux rouges - s’urine dessus devant son fils et son cousin. OK. On l’a bien compris, il s’agit d’un film sur la fin de règne d’une icône du grand banditisme, mais n’est pas Scorsese qui veut - référence à “ The Irishman” sorti dernièrement. Après avoir retrouvé des habits tous secs, on se dit que les flash-backs sur la sanglante carrière de “Scarface” vont enfin arriver - surtout que le FBI rôde toujours dans les parages. Et bien non, après la petite commission, c’est au tour de la grosse d’entrer en action ! Durant 1 h 35’ - une éternité - le film enchaîne des séquences plus humiliantes et gênantes les unes que les autres - Fonso fait des dessins - Fonso fume des carottes - Fonso souille ses draps - et j’en passe. De Gaulle a dit un jour, je le cite : “La vieillesse est un naufrage” et bien “Capone” 2020 en est un. Sans mauvais jeu de mots, certainement le rôle le plus merdique de Tom Hardy !