Premier film dans l’ordre chronologique du Marvel Cinematic Universe, "Captain America : First Avenger" est confié aux bons soins de Joe Johnston, un des poulains de Steven Spielberg.
Réalisateur impersonnel de « Chérie, j’ai rétréci les gosses » ou du quand même bien lourd « Wolfman » avec Benicio DelToro (un taureau pour jouer un loup, laisse tomber le contre-emploi), ici Johnston s’en sort bien plus qu’avec les honneurs en choisissant un classicisme de bon aloi.
Est-ce pour cette raison qu’il entretient dans mon esprit une parenté évidente avec Indiana Jones ?
Les nazis, ça y fait beaucoup aussi, j’avoue.
À propos de nazis, s’il y a bien un gars né pour jouer un nazi après la reine des elfes, c’est bien Hugo Weaving.
Un peu comme si on faisait un film sur le SIDA et qu’il fallait caster un acteur, sûr que tu prends Danny Trejo pour incarner le virus.
Hugo, au-delà de sa tronche concave, de son regard génocidaire, il faut l’entendre jacter avec l’accent germanique.
Si j’étais circoncis, je chierais dans mon froc.
Après vérification, je le suis.
Merde.
Bref.
On introduit donc le Capitaine de l’Amérique, ce qui, entre nous, nous en effleure une sans faire bouger l’autre.
Mais bon, si tu veux faire un film sur les Avengers, c’est obligatoire, tu dois y passer.
Steve Rogers, c’est le chef du bal costumé.
Chris Evans, qui jouait déjà la Torche Humaine dans les tristes 4 fantastiques, incarne le Captain.
Le trucage qui le fait tout gringalet toute la première partie du film fonctionne plutôt bien (on pense à "L’étrange histoire de Benjamin Button").
Après, il est tout musclé et huileux.
Ça fonctionne aussi.
Il y a l’excellent Tommy Lee Jones, ses valises et sa tronche de papier de verre, qui viennent cachetonner.
Et il faut bien que quelqu’un le dise, il est tellement magnifique en colonel bourru mais juste, mais bourru, mais juste, qu’il aurait sa place dans "Les 12 Salopards" .
Tout ça pour dire, un côté serial clairement assumé, des péripéties qui s’enchaînent sans vergogne à partir de la métamorphose de l’asticot en dieu grec, une reconstitution honnête (je pense, j’y étais pas, t’as vu) du New-York des années 40, un Crâne Rouge, même un petit hommage aux Musicals/Propagande de l’époque avec le Cap’ en meneuse de revue, et Howard Stark, le papa du futur Tony qui n’était pas encore une perspective, en ersatz d’Howard Hawks.
Ahlalala.
Quand Captain ramène 400 prisonniers qu’il a sauvés tout seul, c’est tellement beau, tellement émotionnel, qu’on peut vraiment être fiers d’être américains.
Après, en vrai, Captain America, il est courageux, il a le sens du sacrifice, il est bien bâti, un brin naïf mais ne sait pas trop bien se saper.
Et puis, il est un peu con.
Un peu comme nous autres, les Américains.
La bise.