Les nazis, quand y en a plus, y en a encore...
Ah, le monde d’aujourd’hui n’est plus très sûr… Les amis d’aujourd’hui seront-ils les ennemis de demain ? Qui est encore franc et qui magouille pour son compte ? Et contre qui tout cela va se retourner ? Brouiller les pistes et cacher le visage de l’ennemi (au moins pendant la première demi-heure), c’est le moyen infaillible de faire croire qu’on est intelligent et qu’on peut faire un divertissement moderne (regardez les succès : The dark knight rises, Skyfall, Star Trek into darkness, Iron Man 3…). Du coup, si on se lance dans une piste pareille, c’est le jackpot assuré ! On dira qu’on est un peu dark, et comme de toute façon on donne des éléments nécessaires à la compréhension des autres films, tout le monde va venir. Mais faut pas non plus se leurrer, derrière le discours sur la prédiction et l’anticipation de la menace, il y a un truc qui couve, c’est le fascisme… Et quand le fascisme est là, les nazis ne sont jamais bien loin, avec leurs uniformes, leurs bottes impeccablement cirées et leurs croix gammées en argent étincelant… Si le captain est de retour, et que son charisme n’a pas souffert de la modernisation de son costume (les aficionados auront droit à l’acte final avec la tenue rétro), l’intrigue dans laquelle il se dépêtre ne surprendra pas le moindre instant le spectateur.
SPOILERS INSIDE !!
La fake mort de Samuel Lee Jackson (grosse étape de nullité qu’on savait déjà faire partie du programme), la résurrection de Hydra via un tour de passe passe historique, le discours complètement ridicule sur le fascisme où le film ne comprend visiblement pas de quelle manière c’est dangereux, mais juste que c’est pas bien d’avoir un truc qui tire des lasers en orbite piloté par une organisation dont personne n’a le contrôle (mais vraiment personne, à croire que c’est Skynet en fait).
FIN DES SPOILERS
Autant d’exemples qui montrent combien la logique et la cohérence (même dans un univers héroïque) sont éclipsées pour être finalement cantonnées à des enjeux très limités, où la vision du spectateur est cloîtrée dans la fenêtre des 10 prochaines minutes. Assez rageant vu l’ampleur du phénomène visé par le scénario. Mais comme on est dans un divertissement, pas le droit de critiquer. Heureusement, le duo des frères Russo se révèle plutôt efficace dans la gestion de ses scènes d’action, offrant quelques jolies fusillades en milieu urbain et quelques dantesques explosions pour rythmer ces deux heures dix d’investigation en terrain trouble. Quelques cabotinages feront rire par ci par là (amusant Robert Redford dont la culpabilité est immédiatement révélée quand il mentionne ses états de service (et quand on sait aussi qu’il change de bonne toutes les semaines)), et finalement, on s’amuse gentiment de ces bastons de chocs entre le captain et ce soldat de l’hivers dont l’identité sera bien évidemment dévoilée, histoire de faire une bonne petite mythologie (en revanche, on pourrait m’expliquer ce que fout l’étoile rouge de la mère Patrie russe sur son bras ?). Bref, sans retrouver un instant le charme initial de son prédécesseur, l’action fait le boulot, gentiment, et le fascisme, c’est mal. Pour ma part, la jubilation a résidée dans la séquence post générique, où on nous ressort enfin les nazis de bonne famille avec l’accent allemand et du « herr dorctorrrr ! » (je balançais de mon côté dans la salle du « ya wolk her guénéral ! », le pote fan de Marvel a fait comme si il ne me connaissait pas). Faut pas nous la faire à nous, on sait que les nazis sont toujours derrière tout ça, et qu’ils reviendront encore pour contrôler le monde ! Tremble, Amérique, les allemands n’ont pas dit leur dernier mot ! Merkel est à la solde de la loge occulte de Thulé, et ils réveilleront Cthulhu pour prouver leur puissance au monde ! Et là… on suppliera Poutine de venir nous filer un coup de main…