Tranquillement, Marvel Studios continue à sortir régulièrement des films destinés à mener à celui que le grand public attend le plus : Avengers, Age of Ultron. La Phase 1 avait permis d’introduire les héros dans des films pas aussi réussis qu’on l’aurait aimé. La Phase 2, elle, profite de l’acquis et montre qu’on peut d’avantage s’amuser avec des personnages quand on ne se focalise pas sur leurs origin stories pour faire des films assez cool à regarder.
Du moins, c’était le cas pour Iron Man 3 et Thor Le Monde des Ténèbres, c’était -sur le papier- moins évident pour Captain America.

Le boulot de Joe Johnston sur First Avenger était remarquable : le réalisateur avait réussi à créer un super héros pulp dans un contexte historique et a en faire un vrai symbole sans basculer dans le pro-militarisme à outrance. Avengers voyait l’arrivée de Steve Rogers dans le monde actuel et le personnage y avait finalement un rôle réduit à de l’action. La donne est donc différente pour Le Soldat de l’Hiver, véritable suite vivant dans un univers existant mais où il reste encore de nombreuses choses à inventer. Ainsi, le 2e volet des aventures de Steve Rogers se présentait comme la suite la plus directe à Avengers et il était difficile d’imaginer comment le personnage allait pouvoir évoluer.

La bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a rien à craindre de Captain America Le Soldat de l’Hiver : le film est une grande réussite et probablement ce que Marvel a proposé de mieux depuis Avengers.

Le film s’ouvre, après un échange entre Rogers et celui qui deviendra le Faucon, par une scène d’action sur un bateau. Captain America est envoyé en mission par le SHIELD et fait désormais partie du STRIKE, présenté comme une unité d’élite chargée de lutter contre le terrorisme (dans le comic, le STRIKE est la version anglaise du SHIELD, américain). Scène étrange et inquiétante car mêlant bonne action et dialogues insipides, les méchants de service étant français et les lignes ayant été écrite par quelqu’un n’y connaissant manifestement rien dans la langue de Molière. L’angoisse ne sera que de courte durée tant Anthony et Joe Russo relèvent vite la barre pour nous plonger au coeur du SHIELD.

Contrairement à ce que son titre laisse penser, le film n’est pas centré sur le Soldat de l’Hiver. Il est centré sur le SHIELD, Nick Fury et ses petits camarades arborant un aigle sur blason rond. Et se révèle être un film incluant des notions de techno-thriller, d’espionnage et de complot où une enquête va être menée par Steve Rogers et Black Widow. Si le premier Captain America tenait plus du film de guerre, ces nouvelles aventures se rapprochent d’avantage d’un Jason Bourne où l’action permet d’avancer dans une histoire très moderne, évoquant l’espionnage à grande échelle par une entité gouvernementale – Echelon version SHIELD.

Bien plus sérieux et sombre que ces prédécesseurs, Le Soldat de l’Hiver n’offre que peu de pauses et l’humour cher à Kevin Feige y est enfin réduit pour permettre à l’action d’être menée tambour battant. Les frères Russo s’amusent à filmer en pleine ville -et le font bien- de grosses poursuite (dont l’une d’elle conduit à un évènement chargé en émotions) et à froisser de la tôle. Le spectateur, lui, en prend plein les yeux pendant deux bonnes heures.
Captain America est toujours le soldat iconique que l’on connait. Une exposition lui est d’ailleurs consacrée et le public l’admire. Mais l’heure n’est pas à la nostalgie et la découverte du monde moderne est réduite à une paire de vannes bien senties. Rogers est avant tout un héros, un vrai. Avec un sens de l’héroïsme et du sacrifice issus de ses années de lutte face à Hydra.
La place offerte au Soldat de l’Hiver lui-même est donc assez réduite. Mais les Russo n’oublient pas pour autant le premier film et trouvent différents moyens parfois très bien sentis de lier l’ancien et le nouveau, tout en parvenant à faire de Cap un personnage résolument moderne.

Captain America n’est pas exempt de défauts pour autant. On est quand même face à une production Marvel Studios où l’ombre de Kevin Feige ne cesse de planer. Les scènes sont une nouvelle fois ultra-cut et certains éléments scénaristiques sont débiles, à l’instar du plan finalement assez con du grand méchant ou de certaines révélations facilement devinables. Et si Anthony Mackie fait du Faucon un chouette personnage, Scarlett Johansson n’en a pas grand chose à foutre et joue aussi mal qu’elle le peut.
Mais le grand perdant de toute cette histoire, c’est la série Agents of SHIELD complétement oubliée de l’histoire alors que tout est tourné autour de l’organisme de Nick Fury et Alexander Pierce (Robert Redford, toujours aussi parfait), jamais évoquée et qui aura bien du mal à se remettre des conséquences du film.

Le producteur Feige avait évoqué les conséquences de Captain America 2 sur la suite. Pour une fois, ce n’était pas du discours promotionnel puisque -et contrairement à Iron Man 3 et Thor 2 dont les évènements sont anecdotiques- le film ouvre bel et bien la voie à l’Age d’Ultron, et pas forcément comme vous pouvez l’imaginer. De fait, la première scène post-générique fera une nouvelle fois crier les fans de l’univers Marvel de joie tant elle est toujours aussi bien trouvée. La seconde, elle, s’offre le luxe de ne pas être un gag idiot mais bien une porte ouverte sur un troisième volet.

Rythmé, prenant, jamais cynique, Captain America le Soldat de l’Hiver est une chouette réussite. Marvel Studios avait manifestement besoin d’une première phase brouillonne, destinée à l’échauffement, et passe maintenant la seconde. Les frères Russo, qui s’étaient contentés jusque là de mettre en scène des épisodes de Community -auquel le film fait un joli clin d’oeil-, livrent un film de bonne tenue et qu’on reverra volontiers. Du plaisir, du vrai.
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le 18 mars 2014

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