Après un premier métrage plutôt en mi-teinte et un passage plutôt chouette dans l'épisode collégial, il était temps que le Captain reprenne la route du cinéma pour la phase 2 du plan de domination mondiale de Marvel. Résultat, back to the big screen pour le super soldat le plus patriotique de l'histoire de l'Amérique. Cette fois, fini la seconde guerre mondiale, le grand blond a été dégivré dans le présent et c'est au sein du SHIELD qu'il opère. Ah, le SHIELD. Agence de renseignement ultra-secrète qui se trouve avoir un superbe bâtiment, avec leur superbe symbole frappé un peu partout. A côté, la DGSE fait un peu parent pauvre. D'autant plus que dans le renseignement français, on a pas encore notre propre équipe de super héros. Ca doit être du à notre régime alimentaire ou un truc du genre. Enfin, revenons à nos moutons, le SHIELD, ses petites affaires, son patron borgne et ses troupes d'élite. Au-delà des considérations premières, rapidement, notre bon captain va devoir faire fi de ses a prioris et démêler un sac de noeud pour comprendre qui est le pote, qui est le traître et surtout qui est l'ennemi. Bon, même si nous, on a bien compris que c'était Robert Redford, mais que voulez-vous, nous, on connaît nos classiques.

Entendons-nous bien : je n'ai pas une passion dévorante pour Captain America, certainement pour ce nom qui veut un peu tout dire. On attend, de but en blanc, un espèce de parangon militaire de la philosophie de guerre des Etats-Unis, saupoudré d'un poil de patriotisme aiguë. Pile le genre que je déteste. J'avais quand même donné sa chance au premier métrage pour deux raisons : premièrement, Chris Evans. Deuxièmement, j'avais un peu lu "Civil War" et avais découvert un personnage un peu moins chiant. En fait, un personnage qui ne défendait pas un patriotisme aveugle mais une version sans concession de ces libertés pour lesquelles il s'était battu lors de la Seconde Guerre Mondiale et qu'il défendait jusqu'au sacrifice. Parce que le Captain, avant tout, c'est un parangon, un exemple hirsute d'une volonté ineffable de liberté, allant même jusqu'à s'opposer au cynisme qui gronde dans la politique extérieure américaine. Bref, j'avais dû m'avouer éprouver une certaine sympathie pour ce type un peu anachronique mais d'une droiture de bottes intègre et ne souffrant d'aucune compromission. Eh ben pour ce second métrage, ils y ont (enfin) pensé !
Ben ouais, faire un premier métrage durant la Seconde Guerre, c'était certainement nécessaire pour introduire le personnage et son contexte. Mais bon, c'était un poil poussif et surtout, ça ratait un peu ce qui fait le personnage. Du coup, après une apparition plutôt chouette dans Avengers, il fallait trouver un nouveau souffle... Première constatation, je ne sais pas si les scénaristes se sont matés la totale Jason Bourne, mais en tout cas, ils ont pris des notes. Le scénario se tient, il est chouette, plus cohérent et moins manichéen et surtout, il met en lumière un aspect du Captain bien plus captivant à l'écran. Le Captain, c'est ce super héros qui représente les valeurs de la grande Amérique... des années 40, à l'époque où elle entre en guerre contre l'Allemagne Nazi. A l'époque où l'on peut allègrement dire que l'on lutte activement contre l'armée du mal, que face à soi, on a des soldats qui incarnent réellement la négation de valeurs "normales", sans même avoir à se forcer. On peut clairement être manichéen. Mais après ça, il y a eu la Guerre Froide, et, à vrai dire, depuis, les méchants, les gentils, tout ça, ça dépend souvent de qui tient le flingue au bon moment. Résultat, dans cet océan de grisaille, le Captain est un peu dépassé, face à une Scarlett/Black Widow qui, elle, incarne totalement cette époque hypocrite pour son propre bien. Du coup, le duo fonctionne à la perfection : les deux personnages se rapprochent par leurs motivations dans l'histoire, mais guère par leurs convictions, ce qui met bien en lumière leurs doutes et leurs errances. Cool, pour une fois qu'un travail d'écriture est effectué - et bien - sur un duo de personnage qui ne partage même une romance ! Rendez-vous compte !
Bon, là, on pourrait croire que le film est une réussite totale... faudrait pas pousser non plus. A priori, le ton donné est enfin intéressant et original, mais pour autant, il y a des ratés. Allez comprendre, le cahier des charges demande de nombreuses scènes d'action, ils ont décidé de prendre un manche pour les filmer. Dès que les personnages à l'écran s'affrontent au corps à corps, la caméra commence à partir dans tous les sens pour rendre les plans illisibles. C'est simple, vous vous dites qu'avec deux acteurs à l'écran s'échangeant des pains, on va pouvoir comprendre ce qu'il se passe... le réalisateur vous prouve que non (sans même faire usage de plan de taille, non, il reste à bonne distance, le bougre). Bon, le Soldat d'Hiver manque sérieusement de charisme (ah ouais, désolé Bucky mais j'ai du mal avec ta coupe de cheveux et ton air hébété) mais cela dit, chez les gentils, on a accueilli un nouvel allié en la présence de l'impuissant de Pain & Gain, qui lui aussi a beaucoup de mal à se faire une place dans le récit (à mon sens, essentiellement parce que l'alchimie entre Evans et Johansson fonctionne suffisamment bien pour se passer d'un troisième larron !). Et pour finir, en terme d'action, j'ai trouvé que ça manquait grandement d'une séquence d'exception. On a deux trois passages sensiblement sympas (la course du Captain à travers les bureaux, bien bourrine, qui joue bien sur le côté Bouclier/super force du personnage) et une idée assez chouette (le coup du surf sur une portière pour se dégager d'une voiture en pleine vrille), mais sinon, c'est un peu la pénurie... Y'a bien ces supers héliporteurs de folie qui s'entre-déchirent, mais bon, c'est l'oeuvre du CGI, moi, je voulais de la belle scène d'action inventive à l'ancienne... Enfin, on ne peut pas être gâtés sur tous les tableaux !

Résultat : un film qui trouve enfin le souffle approprié pour exploiter son personnage central, autant dans ses forces (l'image drainée par sa personne, sa volonté, son leadership) que dans ses faiblesses (il est complètement dépassé, le bougre !). Le scénario est de loin l'un des plus intéressants des films Marvel jusqu'à présent (oui, Thor, c'est toi que je regarde), et même si on perd un peu en action coolos, on gagne en profondeur. D'autant que l'on a l'impression que le personnage de Black Widow a enfin un intérêt un peu plus développé qu'uniquement esthétique ! Et même l'humour est encore présent (ah, la super liste des choses à rattraper du Captain, pas mal !). A mon sens, meilleur que Thor 2 pour une seule raison : les scénaristes y maîtrisent bien mieux le personnage central et, de ce fait, arrive à créer autour de lui des enjeux (personnels ou généraux) bien plus prenants. Et du coup, ben on a une aventure qui se tient et se regarde avec plaisir.

Créée

le 1 avr. 2014

Modifiée

le 4 avr. 2014

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