Il y a trois ans (déjà ?!) sortait Captain America: First Avenger, qui était probablement l’un des personnages les plus durs à adapter à l’écran, car hormis les fans de la première heure, difficile de s’attacher à un héros aussi puant de républicanisme et patriotisme, sans parler de sa crétinerie et misogynie profonde. Rien que sur le papier ça donne pas envie ! Le studio Marvel a eu cependant la bonne idée de développer le personnage de Steve Rogers avant Captain America, ses motivations, sa vie de pariah, accentué par un physique ingrat, bref une introduction permettant un minimum d’empathie, qui malheureusement sera brisée par une seconde partie trop brouillonne dans son montage et limite emballée à la va-vite. Ce nouveau Captain America n’enchantait pas à cause de cette fausse note du précédent, et pourtant, c’est un monumentale claque qui vient faire du mal aux autres productions Marvel qui subitement paraissent bien ternes. Le soldat de l’hiver se démarque d’abord par une chose, il a une vraie trame, une narration fluide et rythmée, riche en rebondissements et instants palpitants, à l’opposée totale de ce que nous fournit habituellement le studio. Ça peut paraître bête, mais même si l’on va voir des bockbusters pour admirer des bidules et des machins être cassés en morceaux c’est toujours mieux si y’a une logique à tous ça. Façonné dans les entrailles de la saga Bourne, le métrage est un excellent thriller d’espionnage/politique comme l’on en avait pas vu depuis, justement, la saga Bourne. Point capital, et par lesquelles les choses commencent, Nick Fury est enfin mis à l’honneur ! Oui enfin ! Car depuis trop longtemps ce badass presque jumeau de Franck Castle (avec qui il est pote d’ailleurs) n’était là que pour arriver à la fin des films pour dire qu’il préparait le collectif Avengers, ou encore rester debout sans rien glander dans Avengers. Son honneur est lavé de ces outrages et c’est un véritable délice de le voir dans un gunfight durant une course-poursuite en voiture, sans oublier l’usage d’un minigun et un passage qui vrillera les nerfs même aux plus endurcis.
Le Cap possède évidemment son lot de bonnes scènes et c’est toujours mano a mano qu’il fonce dans le tas pour éclater des rebelles. Par moment les combats ne sont néanmoins pas crédibles pour deux sous. Pour un type capable d’affronter Thor ou encore de bousiller des bagnoles avec ses poings on a du mal à comprendre pourquoi il lui faut plusieurs coups pour assommer (même pas tuer en plus !) des humains, alors que théoriquement une gifle les enverrait dix mètres plus loin. Mais bon, faut pas chercher à comprendre, et puis si il envoyait tout le monde valser avec des baffes il aurait davantage l’air d’Obélix…
Encore une fois un autre personnage gagne considérablement en importance, et il s’agit de la Veuve Noire, qui ne se cantonne plus de figurer ou remuer ses fesses, là elle révèle vraiment son potentiel d’agent, de même que ses faiblesses, hélas effleurées mais que l’on aimerait bien aborder lors d’une prochaine bobine (et connaissant l’héroïne il y aurait un très fort potentiel de spin-off, mais bon les héroïnes au cinéma on s’en fout, tristement…).
Les personnages secondaires ne sont eux non-plus pas en reste, avec un Robert Redford qui a l’air de baigner de joie d’être dans un méchant thriller politique, tout comme Anthony Mackie, alias Le Faucon, qui assure une nouvelle fois, une des précédentes étant No Pain No Gain. La chose qui vous clouera encore certainement plus le cul, c’est que Cobie Smulders, qui interprète pourtant un personnage assez mineur dans l’univers Marvel (Maria Hill), a ici un rôle qui vient faire un superbe miroir à la Veuve Noire, faisant de notre équipe une vraie équipe mixte, pas comme les Schtroumpfs par exemple. Le plus ironique dans tout ça c’est qu’en définitive, celui qui a son nom sur l’affiche, « Le soldat de l’hiver », parait d’abord intriguant avec son look post-apocalyptique, renforcé par un masque qui lui couvre la moitié du visage et de longs cheveux noirs corbeau, mais se révèle n’être ni plus ni moins qu’un clone du Cobra Commander, voire même de de Bane (ceux qui l’ont vu comprendront, pas la peine de tout raconter).
Pour finir, on va parler de la violence. Le studio Marvel était jusqu’ici resté à ce que l’on appelle de la « scifi violence », quelque chose qui implique la fiction (des bidules lumineux balancés dans la gueule des gens par exemple) et est donc beaucoup plus toléré par la MPAA (le CSA américain). Cette fois-ci cette pirouette a été éludée, et on se demande comment le métrage a réussi à n’être interdit qu’aux moins de 13 ans, car ça mitraille pas mal et le bodycount n’aurait probablement pas à rougir face à celui de Expendables. Ne vous attendez pas à des close-ups ou autres boucheries façon Dredd, mais néanmoins y’a quelque chose qu’hier encore n’existait pas ! (placer une réplique de La Belle et la Bête il fallait le faire… Remarquez, Marvel, Disney…)
Captain America: Le soldat de l’hiver réussit un pari immense, raconter une histoire qui pour une fois sollicite les neurones, une première pour Marvel qui parvient à faire classer son métrage avec le reste du cinéma, et pas uniquement les films popcorns. Oubliez tout ce qui a été fait avant, ici il y a un nouveau mètre étalon qui relève considérablement le niveau des attentes quant aux futures productions, il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour que le studio Marvel ne nous déçoive pas, tâche qui sera ardue ! Un développement intelligent des personnages, une trame rythmée par un horloger, des CGI qui servent l’action et non l’inverse, des scènes d’action de haute volée, voilà ce qui vous attend avec ce Captain America, un pur actioner défendant l’honneur des Etats-Unis !