Ce Captain Marvel m’a convaincu, contrairement à la tendance générale ici sur SensCritique, mais je dois avouer qu’il m’aura fallu plusieurs visionnages avant de décider s'il me plaisait énormément ou modérément. Comme l’ennui ne l’a jamais emporté sur mon plaisir, grâce à un scénario bien ficelé et suffisamment complexe pour justifier d’y retourner (il suffit de regarder Ant-Man et la Guêpe seulement deux fois pour comprendre que tous les films du MCU n’ont pas cette particularité), j’en conclus que l’œuvre est aboutie, malgré quelques défauts, un léger manque d’action et un rythme clairement inégal.
Captain Marvel s’inscrit dans la parenthèse de la fin de la troisième phase, trônant entre Avengers : Infinity War et Avengers : Endgame, dans le but de présenter la superhéroïne qui jouera un rôle important dans le dénouement de l’arc des pierres d’infinité.
L’histoire se place dans un contexte de guerre entre le peuple des Kree et des Skrull, deux races extraterrestres, pendant laquelle Carol, une pilote américaine dotée d’un super-pouvoir explosif et d’une mémoire partielle, enrôlée par l’armée Kree, tente de protéger la terre en compagnie d’un certain Nick Fury, durant les années 90.
Le scénario aime jouer avec le public grâce à de nombreux flash-back, et des temporalités « presque » entremêlés, en tout cas sur la forme, illustrant d’une manière ingénieuse l’opacité des souvenirs de l’héroïne. Si la première partie du film est un peu déstabilisante, les événements et les situations s’imbriquent rapidement, pour une plus grande lisibilité. Il est vrai qu’en ce qui me concerne je n’ai pas tout compris lors du premier visionnage, tant il y a d’intrigues et d’histoires entremêlées ; au départ, on ne sait pas si Carole est une humaine ou une Kree, on ne sait plus qui sont les bons et les mauvais, si bien qu’on ne distingue plus aucune frontière, par ailleurs les Skrull ont la capacité de prendre l’apparence de n’importe quelles autres personnes, et comme l’histoire abuse un petit peu de cette pirouette, cela ajoute à la confusion ambiante, bref… ce n’est pas le plus simple des Marvel, mais avec un peu de patience tout cela devient rapidement limpide, et, par ailleurs, je préfère un scénario trop dense que trop vide.
S’il y a de quoi nous occuper avec cette histoire, je regrette que cela se fasse au détriment de l’action. Aussi on ne relèvera qu’une ou deux scènes réellement épiques durant ces deux heures de films. Aussi le bouquet final est suffisamment satisfaisant en raison de l’émancipation complète de l’héroïne, et ses capacités hors normes qui feront passé tous les autres superhéros du MCU pour des petits joueurs, mais cette dernière scène d’action n’en est pas pour autant exceptionnelle, je dirais même qu’elle est plutôt quelconque. Et c’est aussi le principal défaut du film, c’est que l’on s’attendait à quelque chose de plus pharaonique, en adéquation avec la puissance du personnage. On a simplement le sentiment que Captain Marvel n'est confronté a aucune menace capable d’en découdre véritablement avec elle, et le dénouement manque d’intensité et aussi d’enjeu, j’ai envie de dire (en tout cas dans l’intention).
Le rythme et un peu décevant, avec de gros passages à vide, principalement concentrés au milieu du film, lors du séjour de Carol chez son amie Maria. Franchement, c’est un long passage du film terriblement chiant, même si en effet, il réunit plusieurs dialogues d’une importance certaine, je crois que tout cela aurait gagné à être plus concis afin de conserver l’intensité globale.
Un secteur m’a beaucoup déçu, celui de la musique. La B.O. ne brille pas vraiment, on l’oublie complètement, et aucun thème ne vient titiller notre attention. En réalité, ce n’est pas mauvais, mais c’est juste affreusement passe-partout, et ça, ça ne va pas du tout.
Bon, après tout cela vous allez me dire : pourquoi 8 étoiles sur 10. Mais simplement parce que je trouve que ces défauts sont dérisoires à côté des grandes qualités du film. Les effets spéciaux sont super, l’esthétique du film est sublime, l’ambiance est prenante, l’intrigue est folle.
Tout particulièrement, j’ai préféré le casting, avec une Brie Larson géniale. Je l’ai adoré. Un film Marvel avec Samuel L. Jackson augure toujours le meilleur, et sa présence est hyper gratifiante dans cet opus. Jude Law est une super idée, même s’il perd rapidement de sa sublime en raison d’un rôle qui tourne rapidement au pathétique. Ma véritable bonne surprise est l’acteur Ben Mendelsohn (Talos), que j’apprécie particulièrement. Annette Bening (Dr Wendy Lawson) et Lashana Lynch (Maria Rambeau) m’ont laissé, quant à elles, un peu indifférent.
Le film est aussi l’occasion d’en apprendre un peu plus sur le Tesseract, et les raisons pour lesquelles il se retrouve sur Terre. Mais étant donné que l’action se déroule dans le passé, le fil rouge des pierres d’infinités n’avance pas, logique oblige.
S’il y a du bon et du mauvais ici, j’en retiens surtout le bon. Je dirais que j’ai grandement apprécié ce film. J’attends une suite avec impatience. Mais objectivement, je dois dire que je comprends la déception d’une partie du public, même si en ce qui me concerne, je me suis concentré sur les aspects positifs du divertissement.