A priori, "survie" et "Brillante Mendoza" sont deux choses qui vont très bien ensemble. Mais savoir filmer comme personne les pulsations d'une ruche urbaine n'est pas un gage de réussite lorsque l'on s'aventure, caméra à l'épaule, dans une jungle tropicale...
A vrai dire, le film n'a rien de repoussant, Mendoza faisant preuve d'un vrai savoir-faire dans la captation du trivial, du détail qui fait mouche, conférant ainsi à ce quotidien de la survie une terrifiante réalité. Le problème, c'est que Brillante veut faire le beau, parce qu'il ne se prend sans doute pas pour un cinéaste de seconde zone, et qu'il a probablement vu dans ce "grand" sujet l'occasion idéale de montrer que, lui aussi, il peut faire des films à l'américaine, avec des gunfights et tout et tout... Sauf que non.
La tension, pourtant un des points forts habituels du réalisateur philippin, se fait ici la nique, laissant le plus souvent place à une mollesse digne d'un vulgaire téléfilm du jeudi soir ; les enjeux dramatiques sont plutôt convenus, relativement inintéressants, et traités avec une efficacité certaine mais sans que ça en devienne palpitant non plus... Et puis bien sûr la symbolique, péché mignon de Mendoza et qui commence à devenir franchement embarrassante, notamment avec ce montage parallèle entre un accouchement et un échange de coups de feu entre soldats et rebelles, puisque (évidemment, j'ai envie de dire) ces derniers se sont réfugiés dans un hôpital... Subtil, hein ?
Bref, Mendoza a eu les yeux plus gros que le ventre et, dans sa volonté de se la jouer occidental, s'est un peu emmêlé les pinceaux, pondant un film pas du tout dégueulasse, mais désespérément anonyme.
Brillante, reviens parmi les tiens ; la jungle, ça te réussit pas.