Dès les premières secondes de son intrigue, Carbone se révèle, hélas, sans retour pour son héros.


Olivier Marchal, pour son come back après un silence de six années derrière la caméra, annonce donc la couleur : celle du sang. Et du prix à payer.


L'arnaque au droit carbone était trop belle, trop facile, trop évidente pour ce chef d'entreprise déjà un peu ripoux et dont le monde s'écroule autour de lui. Sa société prend l'eau, considéré comme un moins que rien par son beau-père, rupture, dettes qui s'accumulent. La revanche sociale est à portée de main, dans une carambouille de délinquant en col blanc mal accompagné. Peu importe la couleur de la mise de départ, noire comme les intentions du grand banditisme.


Un "Ce n'est pas du gaz, c'est du vent !", quelques faux papiers et ordinateurs plus tard, l'oseille tombe rapidement à ne plus savoir qu'en faire. Fêtes, dérives hallucinogènes et abondance de biens s'enchaînent, tandis que l'étau de la menace, multiple, se resserre. L'occasion pour un Benoît Magimel épais, en souffrance, de s'illustrer. L'occasion pour un Gringe et un Michael Youn de briller, dans une réserve et une sobriété qu'on ne connaissait pas pour ce dernier, loin du miscast redouté.


Olivier Marchal est loin de ses débuts enthousiasmants, arides et secs de Gangsters. Encore plus loin de ses tragédies policières flamboyantes et intenses que sont 36, Quai des Orfèvres et MR 73. L'influence de Carbone sera plus à chercher du côté de ses Lyonnais, dont il reprend la thématique de la famille et des influences néfastes d'un milieu interlope.et sans concessions personnifié par un Moussa Maaskri qui n'en est pas à sa première interprétation dans le genre.


Carbone adopte la couleur de sa tragédie, au carrefour de la vendetta familiale, du grand banditisme et de l'ombre policière, quelque peu en sourdine aujourd'hui. Il précipite un personnage déjà bien gris dans un abîme un peu plus sombre encore.


En se démarquant de sa thématique la plus identifiable du flic rincé en pleine déchéance, Olivier Marchal semble se revigorer. Toujours à offrir des rôles ciselés : Daniel Auteuil hier, Benoît Magimel aujourd'hui, le réalisateur permet à celui-ci de bouffer l'image de son visage fermé, de son aura et de sa présence qui vire au venin à la fin de l'aventure. La performance n'est pas anodine, surtout face à un patriarche retors à qui l'imposant Gérard Depardieu prête ses traits.


Il n'y aura peut être qu'un rythme un peu heurté à compter dans la colonne débit du nouveau film d'Olivier Marchal, tant Carbone définit ses enjeux de manière limpide dans l'explication de son arnaque initiale qui aurait pu paraître un peu nébuleuse, tant il va la plupart du temps droit au but, tant il fait mal dans le prix à payer qu'il impose à ses différents protagonistes.


Sans retour, parfois anachronique tant il évoque parfois une atmosphère typiquement 70's, Carbone rappelle que le thriller made in France, pour peu que l'on ose traiter le genre de manière respectueuse tout en en embrassant la noirceur, reste un formidable terrain de jeu.


Espérons seulement qu'Olivier Marchal y évolue encore longtemps.


Behind_the_Mask, totalement carbone-isé.

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le 4 nov. 2017

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