Dire que je l'attendais impatiemment est un euphémisme : je mourrais d'envie d'enfin découvrir ce film qui déchaîna les passions et les dithyrambes conquis.


Pourtant, après ces presque 2h de Todd Haynes, il me faut le dire : en dehors du dernier tiers (et encore!) je me suis emmerdée comme un rat mort.


Moi qui n'aime rien tant que l'expression- lyrique, si possible - du sentiment amoureux, j'en attendais tellement plus... Les dialogues, déjà : insipides, creux, vides, ne disant rien d'intéressant, ne laissant jamais lire le trouble, englués dans la lenteur et le manque de rythme. Le premier déjeuner de Carol et Therese est un monument d'ennui et d'absence de séduction et d'intelligence. Cate se contente de minauder, élégamment, cigarette au bout de l'index, jouant de son timbre grave. L'autre est muette, on ne comprend pas ce que cette beauté fatale trouve de passionnant à cette girl next door fadasse. J'ai trouvé cela assez mal joué, assez cliché et manquant d'originalité.


J'avais également lu des critiques de scripteurs tombés en pâmoison face à la beauté de la photographie. Grande était donc mon impatience à me prendre une vraie claque esthétique....


Et puis non.


Oui, l'image a un grain vintage mais beaucoup trop série B à l'américaine pour moi, beaucoup trop vieillotte. Je sais que cela est voulu mais ça ne m'a pas parlé du tout. La mise en scène est assez sophistiquée et rend bien le climat hitchcockien de l'ensemble mais surtout, surtout...


Il y a Cate Blanchett.


Mes 6 points vont quasiment exclusivement pour sa prestation - face à l'inexpressive Rooney Mara dont je ne comprends pas qu'elle ait pu rafler le Prix d'interprétation à Cannes.


Cate Blanchett, avec ce rôle, entre définitivement pour moi dans la catégorie des actrices qui crèvent l'écran, qui vous dévastent de leur beauté irradiante. Romy, Isabelle - et maintenant elle, sublime d'élégance tirée à quatre épingles, chicissime en ses tailleurs corsetés, offrant son profil racé et ses yeux de chat, son charisme dévorant à une caméra amoureuse qui veloute le moindre de ses battements de cils.


Pour moi, ce film vaut pour elle, pour sa performance intense, mais aussi pour ce que dit son rôle de la complexité de l'amour féminin où se joue aussi une certaine expression de la maternité.


Belle analyse, subtile, de la psyché féminine, de ses angoisses, de ses obsessions, de sa peur de vieillir, de perdre en éclat, de ne plus pouvoir donner la vie : voilà pour moi, une autre réussite de ce film qui a le mérite de nous donner à voir une histoire d'amour entre femmes. Pour une fois, les hommes ne sont pour rien dans leur ardent désir et ça fait du bien de les voir se séduire, se jalouser, se regretter. Une autre approche sentimentale, finalement assez rarement fouillée au cinéma.


Malgré ma déception, puissé-je garder de Cate un souvenir ému pour ce personnage qui semble hésiter entre être mère et être femme, tiraillée entre ce qu'il convient d'être et ce qu'elle a envie d'être...

BrunePlatine
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Déceptions à hauteur d'attentes et Les serments violés

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le 17 juin 2016

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