Two Lovers
Avec cette mise en scène, que ne renierait pas Wong Kar Wai version In the mood for Love, la discrétion des sentiments sied parfaitement à une nomenclature esthétique au souffle court, qui fait...
Par
le 13 janv. 2016
129 j'aime
26
Dire que je l'attendais impatiemment est un euphémisme : je mourrais d'envie d'enfin découvrir ce film qui déchaîna les passions et les dithyrambes conquis.
Pourtant, après ces presque 2h de Todd Haynes, il me faut le dire : en dehors du dernier tiers (et encore!) je me suis emmerdée comme un rat mort.
Moi qui n'aime rien tant que l'expression- lyrique, si possible - du sentiment amoureux, j'en attendais tellement plus... Les dialogues, déjà : insipides, creux, vides, ne disant rien d'intéressant, ne laissant jamais lire le trouble, englués dans la lenteur et le manque de rythme. Le premier déjeuner de Carol et Therese est un monument d'ennui et d'absence de séduction et d'intelligence. Cate se contente de minauder, élégamment, cigarette au bout de l'index, jouant de son timbre grave. L'autre est muette, on ne comprend pas ce que cette beauté fatale trouve de passionnant à cette girl next door fadasse. J'ai trouvé cela assez mal joué, assez cliché et manquant d'originalité.
J'avais également lu des critiques de scripteurs tombés en pâmoison face à la beauté de la photographie. Grande était donc mon impatience à me prendre une vraie claque esthétique....
Et puis non.
Oui, l'image a un grain vintage mais beaucoup trop série B à l'américaine pour moi, beaucoup trop vieillotte. Je sais que cela est voulu mais ça ne m'a pas parlé du tout. La mise en scène est assez sophistiquée et rend bien le climat hitchcockien de l'ensemble mais surtout, surtout...
Il y a Cate Blanchett.
Mes 6 points vont quasiment exclusivement pour sa prestation - face à l'inexpressive Rooney Mara dont je ne comprends pas qu'elle ait pu rafler le Prix d'interprétation à Cannes.
Cate Blanchett, avec ce rôle, entre définitivement pour moi dans la catégorie des actrices qui crèvent l'écran, qui vous dévastent de leur beauté irradiante. Romy, Isabelle - et maintenant elle, sublime d'élégance tirée à quatre épingles, chicissime en ses tailleurs corsetés, offrant son profil racé et ses yeux de chat, son charisme dévorant à une caméra amoureuse qui veloute le moindre de ses battements de cils.
Pour moi, ce film vaut pour elle, pour sa performance intense, mais aussi pour ce que dit son rôle de la complexité de l'amour féminin où se joue aussi une certaine expression de la maternité.
Belle analyse, subtile, de la psyché féminine, de ses angoisses, de ses obsessions, de sa peur de vieillir, de perdre en éclat, de ne plus pouvoir donner la vie : voilà pour moi, une autre réussite de ce film qui a le mérite de nous donner à voir une histoire d'amour entre femmes. Pour une fois, les hommes ne sont pour rien dans leur ardent désir et ça fait du bien de les voir se séduire, se jalouser, se regretter. Une autre approche sentimentale, finalement assez rarement fouillée au cinéma.
Malgré ma déception, puissé-je garder de Cate un souvenir ému pour ce personnage qui semble hésiter entre être mère et être femme, tiraillée entre ce qu'il convient d'être et ce qu'elle a envie d'être...
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Déceptions à hauteur d'attentes et Les serments violés
Créée
le 17 juin 2016
Critique lue 461 fois
16 j'aime
10 commentaires
D'autres avis sur Carol
Avec cette mise en scène, que ne renierait pas Wong Kar Wai version In the mood for Love, la discrétion des sentiments sied parfaitement à une nomenclature esthétique au souffle court, qui fait...
Par
le 13 janv. 2016
129 j'aime
26
Un lent mouvement de caméra le long des façades, de celles où se logent ceux qui observent et qui jugent, accompagnait le départ de Carol White qui s’éloignait Loin du Paradis. C’est un mouvement...
le 31 janv. 2016
125 j'aime
7
Il y a 20 ans Todd Haynes choisissait comme ligne de conduite avec Safe puis Far From Heaven de filmer la femme au foyer américaine, de sa capacité à exister dans un milieu ne favorisant pas...
le 12 janv. 2016
52 j'aime
12
Du même critique
Voilà un film qui divise, auquel vous avez mis entre 1 et 10. On ne peut pas faire plus extrême ! Rien de plus normal, il constitue une proposition de cinéma très singulière à laquelle on peut...
le 5 déc. 2015
80 j'aime
11
Des mois que j'attends ça, que j'attends cette énorme claque dont j'avais pressenti la force dès début mai, dès que j'avais entraperçu un bout du trailer sur Youtube, j'avais bien vu que ce film...
le 17 déc. 2015
77 j'aime
25
A entendre les différentes critiques - de Manuel Valls à Ali Baddou - concernant le dernier Houellebecq, on s'attend à lire un brûlot fasciste, commis à la solde du Front national. Après avoir...
le 23 janv. 2015
72 j'aime
27