Carry-On
5.6
Carry-On

Film de Jaume Collet-Serra (2024)

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Un air de Bruce Willis sans la chanson

Jaume Collet-Serra s’attaque à un terrain qu’il connaît bien : le thriller à suspense. Après des œuvres comme Non-Stop ou The Commuter, il renoue avec des récits en espaces confinés et des personnages poussés dans leurs retranchements. Le film suit Ethan Kopek (Taron Egerton), un agent de la TSA contraint de faire passer une menace à bord d’un avion sous la pression d’un redoutable manipulateur (Jason Bateman). Si Carry-On remplit son contrat en termes de tension et de rythme, il reste ancré dans une formule qui, bien qu’efficace, manque de renouveau. J'ai arrêté de compter les emprunts de films issus du même genre après une vingtaine de titres dont l'ultime référence est ici Piège de cristal.


La performance de Taron Egerton constitue l’une des forces du film. Connu pour ses rôles dans Rocketman ou Kingsman, il incarne ici un personnage moralement ambivalent avec justesse, apportant une vulnérabilité convaincante dans ses dilemmes. Jason Bateman, habitué aux rôles nuancés (Ozark), excelle dans le registre du manipulateur glacial. La photographie signée Lyle Vincent mérite également d’être saluée : le traitement des espaces restreints de l’aéroport et des intérieurs d’avion rappelle l’intensité visuelle de Uncut Gems des frères Safdie, où l’enfermement sert à amplifier le suspense. Les couleurs froides et les jeux d’ombres renforcent l’atmosphère oppressante, bien qu’elles flirtent parfois avec l’excès stylistique.


Cependant, Carry-On peine à sortir de l’ombre de ses prédécesseurs. Les références à des thrillers tels que Red Eye de Wes Craven ou Phone Booth de Joel Schumacher sont évidentes, mais le film ne parvient pas à égaler leur efficacité narrative. Là où Collet-Serra réussit à maintenir l’intérêt, il échoue à surprendre, s’appuyant sur des rebondissements prévisibles et des personnages secondaires peu développés. En somme, Carry-On n’est ni un échec, ni un coup de maître : c’est un thriller bien exécuté mais qui s’inscrit dans la catégorie des bons divertissements jetables après usage. Un film qui, sans révolutionner le genre, rappelle que parfois, le chemin sûr peut manquer de relief.

Carrington
5
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le 18 déc. 2024

Critique lue 19 fois

Carrington

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