Cartel par JesseBellaiche
[Scénario: 4/5]
Un script aux petits oignons écrit par l'écrivain Cormac McCarthy à qui l'on doit notamment "La Route" et "No Country for Old Men" rendus célèbres pour leur adaptation au cinéma. Dans "Cartel", comme dans beaucoup de ses romans, McCarthy s'attache à montrer la fatalité de la vie, l'impuissance de l'homme face aux mauvais choix qu'il commet ainsi que la violence et la cruauté sans limite du monde dans lequel nous vivons. Cette violence certains choisissent de l'ignorer, d'autres en font leur credo et les derniers sont ceux qui en font les frais...
[Mise en scène: 4/5]
Certains reprocheront peut être au film le rythme lent qu'il arbore pendant une longue partie avant que les choses ne se corsent. Pour ma part je trouve ce rythme justifié: il s'agit d'abord de nous plonger dans le train-train de cette classe sociale huppée qui profite de la vie d'épicuriens, se nourrissant de bon vin, de jolies femmes, d'argent et de sourires hypocrites. Ces gens là vivent dans leur bulle, forcément, la vie leur sourit et ils ne ressentent pas le besoin de savoir ce qui se passe en dehors de leur monde, pourtant à quelques km de là les trafiquants de drogues et leurs cartels se livrent à des activités illégales et criminelles. Si les premiers croient qu'ils maîtrisent le monde grâce à leur argent, les seconds, eux, ont compris que seules la violence et la peur sont de vrais instruments de pouvoir.
Les 3/4 du film visant à nous présenter la "dolce vita" de cette société huppée du Nouveau Mexique revêtent donc un rythme plus lent, tandis que le dernier 1/4 du film est chargé de nous faire redescendre sur terre, le rythme s'accélère, les scènes choquent, le stress monte, et nous subissons une véritable chute libre émotionnelle !
Pour ma part, je ne trouve rien à redire, l'exercice est parfaitement maîtrisé. C'est impressionnant, c'est stressant mais c'est aussi très complexe. Clairement "Cartel" mérite d'être vu et revu, un seul visionnage ne vous permettant pas de saisir toutes les subtilités de l'intrigue.
[Acteurs: 5/5]
Je n'hésite pas à donner la meilleure note dans cette section car au delà du fait que le casting regroupe la crème de la crème des stars d'Hollywood, il s'agit vraiment d'un choix extrêmement judicieux ! Les acteurs sont tout bonnement excellents dans leurs rôles respectifs nous faisant oublier un temps leur alter ego de stars Hollywoodiennes pour se plonger pleinement dans la peau de leurs personnages.
Cameron Diaz en tête est exquise dans son rôle de femme fatale, froide et calculatrice jusque dans le moindre mot qui franchit le seuil de ses lèvres. Michael Fassbender nous arrache de l'empathie malgré son côté arrogant et cupide. Brad Pitt tout en cynisme et incroyablement égocentrique connaîtra un triste sort. Et enfin Javier Bardem est un pseudo truand, macho et naïf collectionneur de femmes et de trésors. Chacun réalise ici une incroyable performance !
[Photographie: 4/5]
De superbes plans, qu'ils s'agisse des prises de vues en milieu naturel des paysages du Nouveau Mexique ou encore de photographier les longues routes d’asphalte baignées dans la lumière du crépuscule ou enfin de souligner l'incroyable qualité de vie et la beauté des décors dans lesquels évoluent les riches amis du "Counselor", "Cartel" est truffé d'insertions esthétiques qui lui donnent un style, une allure très particuliers.
[Bande Originale: 3/5]
Une BO toute en finesse et en légèreté qui contraste bien sur avec la violence et le chaos du monde dans lequel évoluent les personnages de McCarthy. Daniel Pemberton ("La maison des Ombres"), nous livre un très beau travail avec ses thèmes intenses qui suivent tantôt ou s'opposent au rythme des événements.
[TOTAL: 4/5]
"Cartel" est un excellent thriller mené de mains de maîtres par le duo Scott/ McCarthy. Un véritable ascenseur émotionnel qui nous emmène lentement vers le 7ième ciel avant de nous faire nous écraser en enfer. Chose extrêmement appréciable et en même temps contrariante: Cormac McCarthy n'a aucune empathie pour ses héros et n'hésite pas à leur infliger les pires souffrances. Chacun évolue, fait ses choix et doit les assumer par la suite. Pas de retour en arrière possible pour celui qui fait le mauvais choix. Aux chiottes les happy endings, la vie est dure, cruelle et toujours fatale.
Le casting est, lui, aussi bon qu'alléchant et Diaz, Fassbender, Pitt et Bardem livrent chacun une performance éblouissante à l'écran !
Seule petite tâche au tableau: l'intrigue beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît méritera toute votre attention et nécessitera surement d'être ingérée plusieurs fois pour révéler tous ses secrets.