Casablanca « Amants à Paris »

Casablanca

Un souvenir est toujours un souvenir

De nombreuses histoires d’amour s’écrivent la nuit

Et nombreuses sont celles qui vont s’anéantir

Le temps d'un séjour à Paris.

Chaque jour, il l’aimait davantage

Chaque jour, l’amour de l’autre prenait l’avantage

Elle l’aimait, plus qu’il l’aimait hier

C’était leur façon de se dire, je t’aime moins que demain.

Ainsi, se résumait leur aujourd’hui

L’amour, pour limite, n’avait que l’univers

Et dans cet appartement de Paris.

Il s’étendait à l’infini.

Son cœur, à lui, fut pris d’un trop-plein.

C’était un matin de pluie.

Amants, ils devaient fuir Paris.

Elle l’a laissé sur le quai de gare

Sans un baiser, sans un, je t’aime

Qu’une lettre d’adieu et bien peu d’espoir.

Sanglots et averse s'entremêlent

La gorge serrée, leur amour avorté.

Tandis que l’encre des mots ruisselle

Il doit s’en aller comme un désespéré.

Et désormais, bien des années plus tard.

Il a le visage impénétrable

De ceux au mal amour insoutenable.

Soudain, comme une Madelaine de Proust d’un air ancien

Lui revient au détour de son café

L’élégante silhouette de celle qui l’eut tant aimé

Elle l’a brisé et espère qu’il lui pardonne

Son cœur est épris de deux hommes.

Dans son regard, on y voit l’interdit

Les innombrables possibilités des non-dits

L’insondable tension entre humain et politique

Des âmes égarées en fuite pour l’Amérique

Elle est enquête de faux papiers.

Pour s’en aller vers l’idéal d’un futur inespéré

L’enfer des uns ressemble au paradis de certains

Un souvenir, après tout, reste un souvenir

Et le chagrin se noie dans l’alcool venin.

À Paris, elle a détruit son avenir

Mais ose, lui demander de construire le sien

Et celui de son mari.

De leur obtenir des papiers afin de fuir le pays

Ainsi, la lutte se rappelle à lui

Sacrifier son égoïsme

Au profit de son humanité

Au profit du patriotisme

Pour offrir refuge au monde entier

Que la noblesse de l’âme, un jour

S’accorde au cœur désenchanté

Puisque tout chagrin d’amour

N’est qu’un abîme ne pouvant être comblé

Molière K.