Sorti en 1995, Casino signait le grand retour de Martin Scorsese dans l’univers de la mafia et des gangsters, un genre qui lui sied à merveille, après Mean Streets (1973) et Les Affranchis (1990).
L’ombre des Affranchis semble forcément planer sur Casino (thématiques, casting, narration, voix off, violence, musiques,...), mais Martin Scorsese n’en a que faire et pousse encore plus loin le film de mafia pour nous dévoiler son œuvre la plus totale et la plus vertigineuse dans le genre, longue de presque 3 heures où le cinéaste nous propulse au cœur des casinos de Las Vegas où la mafia y règne en maître. Casino c’est l’aboutissement du film de gangster chez Scorsese où ses personnages, entraînés parmi les plus hautes sphères du milieu et dans un univers violent et impitoyable, chutent petit à petit qu’ils se rapprochent du succès, de la richesse et du pouvoir. Casino c’est tout simplement l’histoire d’une déchéance et de la fin d’un monde, celui du Las Vegas et des casinos gangrénés, la chute d’hommes et de femmes qui en ont trop voulu, dévorés par le système mafieux et leurs ambitions.
Avec pourtant ses trois heures au compteur, le film ne semble jamais s’arrêter ou ennuyer le spectateur. Montage et rythme effréné comme Scorsese en a le secret, scénario riche, très détaillé et passionnant inspiré d’une histoire vraie, une mise en scène et une écriture digne des Affranchis mais poussées à l’extrême (travellings, plans séquence, voix off, ralentis, arrêts sur image, violence, vulgarités,...), une bande-originale exceptionnelle dont un générique mémorable de Saul Bass (le dernier de sa longue carrière) sous le son du grandiose Mathaus Passion qui n’en finit plus de m’impressionner et de souligner la dimension tragique et opératique du film, des acteurs qui livrent des performances magistrales : Robert De Niro incroyable en gérant de casino, Joe Pesci terrifiant en gangster ultra-violent, Sharon Stone habitée en prostituée obsédée par l’argent et le succès (récompensée d’un Golden Globe de la Meilleure actrice dans un film dramatique au passage...).
Casino apparaît donc comme un chef-d’œuvre total, peut-être le plus grand film de Martin Scorsese à mon sens où tout son style explose sur chaque scène et chaque plan de cette épopée mafieuse épique et tragique. Le cinéaste semblait apporter un achèvement à son travail sur les films de gangsters, mais ça c’était avant qu’il ne décide de s’y replonger pour nous offrir ce qui ressemble plus à une véritable conclusion à sa « saga mafieuse » avec le tout aussi impressionnant The Irishman (2019).