Avec L'Auberge espagnole, Klapisch signait LE film référence d'une génération : un peu bohème, un peu paumée, qui essaie de tirer le meilleur d'une Union Européenne plus humaine qu'économique. C'était un récit initiatique et culte parce qu'au plus proche des préoccupations de tout un tas de gens qui ne savaient pas vraiment de quoi demain sera fait. C'était Barcelone, c'était la coloc, c'était l'insouciance des émois amoureux et des teufs estudiantines qui faisaient vibrer. Malgré ses défauts inévitables et sa naïveté facilement moquable, ce film célèbre la nostalgie de tant de trentenaires ! Les Poupées russes était déjà plus réaliste mais plus classique et moins ambitieux, en devenant une comédie romantique légère.
Casse-tête chinois, c'est la vrai suite. Et Klapisch réussit magistralement à ne pas trahir ses personnages et leurs idéaux tout en les confrontant à leurs responsabilités, à ne pas abandonner la fougue qui avait fait le succès de son premier opus.
Il choisit de situer l'action à New York, mais peu importe : son film sera de toute façon bigarré et international. Il choisit de présenter à son protagoniste des problématiques plus terre-à-terre mais ô combien universelles comme l'intégration d'un expat dans la vie active, la difficulté de garder des amis avec des chemins de vie différents ou les prises de têtes dues à la famille recomposée. Comme dans la vie, Xavier se confronte au réel sociétal sans perdre de sa philosophie de vie positive et ludique. La saga de Klapisch se dramatise tout en ne perdant rien de son esprit espiègle.
On mesure le tour de force de Klapisch de rester dans le récit initiatique sans perdre de son authenticité tout en se faisant plaisir. À déguster sans modération.