(Critique de la trilogie)
Un diagramme de Venn, ce sont des cercles qui s'intersectionnent. Quand on en utilise trois, il existe un espace où chaque cercle rencontre les deux autres, et un espace où les trois se rencontrent. C'est exactement comme cela qu'est conçue la série de Belvaux, une trilogie sans ordre ou presque où chaque œuvre existe individuellement mais devient quelque chose en plus en union avec les autres.
Un drame (Après la vie), un thriller (Cavale) et une comédie (Un couple épatant, un peu en retrait par rapport aux autres) s'allient non seulement pour étudier la part d'inconnu et d'incompréhension qui joue dans nos interactions avec les autres, mais aussi montrer celle qu'on considère souvent comme acquise dans un scénario, parfois sans s'en rendre compte - parce que c'est "comme ça". Pourquoi tel personnage se trouve à tel endroit à tel moment, pourquoi il est de bonne humeur ou a mauvaise mine, voilà le genre de détails que Belvaux ne laisse plus au hasard. On saura pourquoi. Chez lui, ce n'est pas simplement "comme ça".
Grenoble sociale, Grenoble grisâtre, Grenoble inquiétante avec ses murs de montagnes, la ville s'entrouvre au passage de cette écriture soignée qui nous fait découvrir, dans la sordidité du crime aussi bien que dans le désespoir d'un foyer ou les idées les plus tordues conférées par les grands sentiments, que les facettes et les humeurs humaines sont bien plus proches les unes des autres qu'on peut le croire. Le bonheur peut surgir sans crier gare et le malheur s'immiscer partout : tous deux sont là, au coin de la rue, à cinq minutes près, derrière la réaction étrange d'une amie ou ce que nous sussurre notre sixième sens.
Merveille sociopsychologique et cauchemar à distribuer, la trilogie est un ensemble lourd et froid qu'il vaut mieux voir sans savoir à quoi s'attendre, mais un travail de tissage narratif énorme.
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