Un an seulement après Pecker, le déjanté John Waters revient pour une satire folle et sans temps mort de Hollywood et de ses tenants. L'histoire d'une bande de cinéastes rebelles qui abhorrent le cinéma hollywoodien surfait, prônent le cinéma underground et kidnappent une star capricieuse dans toute sa splendeur pour la faire jouer de force dans ce qu'ils considèrent comme l'ultime film jamais créé, loin des artifices convenus et débordant d'une réelle sincérité...
Cecil B. Demented, c'est le réalisateur, un gourou peroxydé (génial Stephen Dorff) accompagné d'une clique toute aussi allumée notamment composée d'une maquilleuse satanique (Maggie Gyllenhaal), d'un coiffeur qui a du mal à assumer son hétérosexualité (Jack Noseworthy) et d'un acteur adepte de toutes les drogues possibles (Adrian Grenier). Tous ont le tatouage d'un réalisateur acclamé, tous ont fait vœu d'abstinence avant la fin du tournage et tous vouent un culte sans pareil à leur metteur en scène visionnaire et déterminé à rendre possible son long-métrage approximatif où la star Honey Whitlock (Melanie Griffith, toute en autodérision) doit faire des ravages.
Lancé à 100/h dans un Baltimore coloré, Cecil B. Demented reste l’œuvre de John Waters la plus hollywoodienne dans la forme mais également la plus satirique, le trublion n'hésitant pas à cracher comme il se doit sur les suites inutiles (on assiste ici au tournage de Forrest Gump 2), les films moralisateurs à Oscars ou encore les fans de drames à l'eau de rose, pastichant pour cela différents genres filmés tour à tour comme des hommages probants comme le thriller, le film d'action ou le film de zombies (la séquence dans le cinéma porno est jubilatoire au possible). Exaltant, dynamique et original, Cecil B. Demented demeure encore aujourd'hui une frasque détonante qu'on ne se lasse pas de regarder.