Le début de “Celle que vous croyez” n’est pas très rassurant. On y découvre une cinquantenaire vexée par une rupture, qui crée en ligne un profil de belle femme de 25 ans pour se venger. Mais contre ses attentes, elle va débuter une relation numérique avec le meilleur (et jeune) ami de son ex.
On a l’impression au départ de voir un scénario similaire à « You’ve Got Mail », sorti 20 ans avant, sans vraiment intégrer les spécificités du web 2.0. Plusieurs éléments laissent même furieusement penser que les scénaristes ne sont en fait guère à l’aise avec les technologies (petit conseils messieurs : c’est la carte SIM qui définit un numéro de téléphone, pas le fait de récupérer un vieux smartphone dans un tiroir !).
Heureusement, l’aspect numérique, peu maîtrisé, est vite laissé de côté. Le film se centre pleinement sur sa protagoniste, une femme écrasée par sa vie de mère de famille divorcée, qui s’éclate en se projetant dans l’état d’esprit d’une jeune. Langage, comportement, perspectives : elle finira par pleinement adhérer à ce mode de pensée ! L’autre intérêt est sa relation avec le jeune homme (touchant François Civil), à la fois salvatrice pour elle, et vouée à l’échec pour lui, sans qu’il ne le sache.
Tout ceci enrobé dans un scénario qui passe une vitesse dans sa seconde partie, offrant tout un lot de rebondissements inégaux. Certains sont clairement à la limite du grotesque, d’autres plutôt bien vus. Quoi qu’il en soit, Juliette Binoche porte très bien l’ensemble, incarnant à merveille cette femme semi-écorchée, fatiguée, qui retrouve une jeunesse avant d’en payer le prix.