Le sommeil d'or
Cemetery of Splendour s’inscrit dans la prolongation de l’œuvre de Weerasethakul. Continuité thématique, on y parle encore de maladie, d’hôpitaux, de croyances religieuses, de confrontation...
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le 31 mai 2015
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Si le dernier Leos Carax et le dernier Apichatpong Weerasethakul n'ont certes pas grand chose en commun de prime abord, ils ont pourtant à mon sens la même vocation de faire avec leur film de l'art contemporain.
On le sait, l'art contemporain déroute toujours et cherche, à travers ce qui semble être insignifiant, un message souvent politique.
Cemetry Of Spendour c'est de l'art contemporain au cinéma.
Et comme toujours on peut soit crier au scandale et demander à se faire rembourser, soit crier au génie et y retourner.
D'où ces deux critiques ;
Critique 1 : Négative
Si vous avez envie de voir des ventilateurs tourner pendant 5 minutes, une femme habité par un homme lécher la jambe difforme d'une autre, des gens s'asseoir sur un banc puis se relever pour s’asseoir sur un autre, et ce dans un plan séquence interminable de trois minutes, un homme chier sous vos yeux (on nous épargne le gros plan), une femme toucher le pénis en érection d'un mec en rigolant... alors foncez voir Cemetry Of Splendour.
Ce film interminable et sans fond, alternant sans finesse du grotesque et déroutant, scènes purement gratuites à l'appui, peut se vivre comme une expérience.
Apichatpong Weerasethakul propose ici aux spectateurs de vivre l'expérience de ses soldats dont on ne sait rien, sauf qu'ils sont endormis.
En cela c'est réussi, l'effet somnifère est total.
Critique 2 : Positive
Première expérience Weerasethakul. Je dis expérience, car il est vrai que ce cinéma s'approche plus de l'expérimental que de la pure fiction.
Si l'ensemble semble d'une modestie qui frise le fauché, on peut pour autant qualifier Cemetry Of Splendour de tour de magie.
En bon magicien, Apichatpong Weerasethakul attire notre attention sur le plus simple à approcher pour nous faire contourner habilement le détail qui portait tout le sens.
Son tour de magie est peuplé de déesses, de cellules géantes qui volent dans le ciel, de dinosaures qui parsèment les rêves des personnages.
Car cet Inception thaïlandais nous propose, et ce dans un voyage obsédant mais d'une douceur déroutante, un voyage dans les rêves des personnages, dans les différentes époques.
Rythmé par les figures récurrentes du tractopelle, des ventilateurs et des poteaux aux couleurs changeantes qui colorent les nuits des soldats endormis.
Métaphore d'une société en sommeil face à un gouvernement qui détruit leurs rêves.
En cela on peut retenir ce plan final qui, s'il ne montre aucun signe de rébellion, montre avec finesse une société qui s'habitue à sa condition, le prouvent ses enfants envahissant le chantier pour en faire leur terrain de football.
La construction du film est admirable, Weerasethakul mêle avec une finesse et un sens du détail rare les différents rêves et époques, traçant des liens invisibles qui transcendent pourtant le film entier.
En résulte cette sublime séquence centrale, sorte de virée nocturne onirique, mise à la perfection en lumière, point central d'un film hypnotique et envoûtant.
Au final on ne peut dire de ce film qu'un mélange de ces deux critiques, car si l'on trouve le film terriblement chiant, souvent trivial et toujours incompréhensible, on ne peut s'empêcher d'y voir là une oeuvre profondément habitée et riche en un sens qui malheureusement nous échappe.
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le 15 sept. 2015
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