Ayant perdu ses deux parents, la jeune Ella (Lily James), surnommée « Cendrillon » par ses demi-sœurs, vit sous la coupe de sa belle-mère et de ses filles, qui la relèguent constamment aux tâches ménagères. Mais un jour qu’elle se promène dans la forêt, Cendrillon rencontre un jeune homme, Kit (Richard Madden), en pleine chasse au cerf. Ils ne savent rien l’un de l’autre, mais c’est le coup de foudre. Seulement, si Cendrillon a caché à Kit son rôle de servante, Kit ne lui a pas révélé qu’il était en réalité le prince du royaume…
Les studios Disney ont décidément une bien étrange politique. Alors qu’ils ont produit du vivant de leur créateur une série de dessins animés rendus intemporels par la magie qui se dégageait de la qualité de leur animation et de leur narration, ils décident de produire des remakes en images réelles de tous leurs classiques d’animation, remakes qui, en général, se laissent oublier aussi facilement qu’ils se laissent regarder. Et ce n’est pas le Cendrillon de Kenneth Branagh qui va changer la donne, se révélant d’une inutilité presque totale, n’innovant guère que sur le plan esthétique, et de manière discutable.
Malgré un casting plus qu'honorable, la version de Branagh peine à décoller, tant ce dernier laisse libre cours à son penchant pour le kitsch, qui rend son récit et sa mise en scène d’une artificialité qu’on dirait toute droit sortie d’une publicité pour parfum. Le spectateur se retrouve plongé sous un déluge de couleurs criardes, parfois beau, mais qui ne fait qu’accentuer la superficialité d’un récit qui n’apporte rien de neuf à l’original, si ce n’est quelques touches d’humour qui tombent constamment à plat. On suit donc avec un plaisir plus indulgent que spontané les mêmes péripéties que dans le dessin animé, sans jamais y retrouver l’esprit.
Puis arrive, enfin, avec Helena Bonham Carter, la fantaisie et la magie qui manquaient au film, et l’on assiste, émerveillé, à la scène du bal, puissant instant de cinéma, intense moment de grâce et de légèreté, où par la main du magicien Branagh, le kitsch se transforme subitement en superbe élégance.
Mais la fée nous a prévenus, la magie ne dure qu’un temps, et après une poursuite épique et captivante, Cendrillon redevient elle-même. Dès ce moment, Branagh juge sans doute qu’il en a assez fait, retombant dans ses excès du début. L’ensemble du film n’est pas désagréable à voir pour autant, mais on ne voit guère ce qui pourrait nous pousser à le préférer au dessin animé originel, dont il n’a ni le charme ni la magie.