Le passage de l'animation au live est toujours compliqué pour Disney, mais enfin ils semblent avoir compris quelque chose. Et avec le réalisateur de Thor c'est un coup de génie qui frappe le studio américain.
Et ça n'était pas gagné, parce que Cendrillon et moi c'est une grande histoire de désamour. J'ai toujours considéré ce film comme renvoyant une image pathétique de la femme. Le dessin-animé de 1950 dépeint des femmes désespérées, vaniteuses, cruelles ou quand elles sont bonnes alors elles sont laides (coucou la Marraine la Bonne Fée). Aucun personnage n'avait de réel trait psychologique, et le film était d'une platitude endormante.
Aujourd'hui, on nous propose une version toujours niaise de l'histoire, mais plus conceptualisée, avec plus de profondeur. Cendrillon au lieu d'être gentille et asservie, est ici altruiste et dévouée à une façon de se comporter avec autrui. Cendrillon a des préceptes, c'est une jeune femme droite. Pas pour autant une femme de pouvoir, elle est au moins sympathique, et l'on a moins envie de lui mettre des claques toutes les trente secondes.
La force donc de ce film c'est une réécriture fidèle mais plus poussée, avec des personnages plus complets, plus proches d'une réalité.
Mais c'est également sa réalisation, Kenneth Branagh a un talent incroyable pour filmer les intérieurs. Il nous entraine dans des compositions sublimes de symétrie et de délicatesse.
Egalement remarquable : le casting. Helena Bonham Carter en Marraine la Bonne Fée drag-queenesque alcoolisée est un pur bonheur, Cate Blanchett en marâtre aussi sublime que cruelle crève l'écran de théâtralité. Quant à Lily James, quel choix intelligent, elle n'a pas la beauté classique des princesses, quelque chose en elle criera toujours "roturière !" mais elle réussi à en avoir la prestance. Le casting soutenu par des costumes parfois incroyables, ceux de Lady Tremaine par exemple, qui a un réel look signature, épaulé, marqué à la taille, des robes longues fourreau enrobé de traines incroyables. Et une robe de mariée sublime pour Cendrillon.
Le film n'est pas intégralement bon, c'est sûr. On aurait voulu avoir une ou deux chansons en dehors du générique, un background un peu plus poussé de Lady Tremaine, des costumes ressemblant moins à des robes de Barbie (à mort les papillons en plastique) et des effets spéciaux mieux maîtrisés.
Mais on se laisse porter et on en ressort tout léger, avec un coeur qui veut croire à l'amour.