Plus personne ne se rappelle de son nom et l'appelle Centaure. Il aime entretenir et raconter de vieilles légendes kirghizes selon lesquelles chevaux et humains s'unissent et vivent en parfaite harmonie avec la nature, les premiers devenant les ailes des seconds.
Le personnage de Centaure, interprété par le cinéaste lui-même, lutte à sa manière contre la transformation d'un pays dans lequel il ne se reconnaît pas. Le capitalisme et l'islamisme radical déconstruisent à ses yeux le maillage lentement mis en place par les femmes et les hommes du Kirghizistan.
Aktan Arym Kubat construit un film délicat dans lequel son personnage navigue entre sa famille (femme sourde et muette ne comprenant que le russe et jeune fils avide de découvertes), et un emploi d'homme à tout faire. Amoureux des chevaux (qu'il volait jadis), il a pour obsession de leur redonner goût à la liberté.
La mise en scène naturaliste et l'interprétation subtile donnent à Centaure les allures d'un conte naviguant entre passé et présent sans jamais jouer la carte d'un passéisme facile. Pleinement engagé dans l'action culturelle de son pays, Aktan Arym Kubat s'inspire du quotidien qui l'environne pour proposer un récit à multiples lectures dont la simplicité, jamais naïve, donne vie à des personnages particulièrement attachants, le final poignant venant clore la fable avec force.