Comment créer une comédie intemporelle? C'est Billy Wilder qui a habilement relevé ce défis avec l’incontournable Certains L'aiment Chaud (Some Like It Hot), sortie en 1959. Petit bijou de la comédie, mené tambour battant par un excellent trio d'acteurs et un réalisateur qui maîtrise son film de bout en bout, Certains L'aiment Chaud est désigné comme le long-métrage américain le plus drôle du XXè siècle.
Énième succès de Billy Wilder, quatre ans après 7 ans de Réflexion. Certains L'aiment Chaud a été nommé six fois aux Oscars et a réuni plus de 4 million de spectateurs à sa sortie en France. Jerry et Joe, couple de musiciens ratés interprété avec brio par Jack Lemmon et Tony Curtis, témoins gênants de crimes, sont forcés de fuir en Floride pour échapper à la Mafia. Les deux musiciens doivent vite rejoindre un orchestre pour s'enfuir. Seul problème, le seul orchestre disponible est un orchestre... féminin. Le Duo Lemmon/Curtis fonctionne à merveille et il est impossible de ne pas rire devant le duo travestie en Josephine et Daphne, essayant de se fondre dans un groupe de jeunes femmes. Surtout à côté de la sensuelle Sugar, interprété par l'irremplaçable Marilyn Monroe. Ici, comme dans 7 ans de Réflexion, Billy Wilder joue avec le sex-appeal de Marilyn Monroe, et Sugar ne va pas tarder à faire tourner les têtes de Jerry et Joe.
Même si ce film est une comédie, il commence sur un ton plutôt sombre, avec des meurtres de la Mafia, dans un Chicago sinistre, en pleine période de prohibition. Ce début a tout du film de gangster, et avec la scène du massacre de la saint valentin, référence à Scarface, on distingue la frontière entre deux genres diamétralement opposés, la comédie et le film noir. Joe et Jerry incarnent la comédie, tandis que face à eux les membres de la Mafia incarnent le film noir. Les deux comparses et les mafieux ne seront d’ailleurs jamais filmés sur le même plan. Et même dans une scène de massacre les deux musiciens arrivent à nous faire rire, comme quand Jerry dit « Ça ne nous regarde pas si vous voulez vous entre tuer ». Puis une fois dans le train pour la Floride, le film adopte les codes de la comédie, avec les couleurs claires, la lumière ensoleillée de la Floride et les chansons jazzy de Sugar, notamment I Want To Be Loved By You.
Le tour de force de Certains L'aiment Chaud est que tout en restant drôle, ce film casse les codes, notamment ceux de l'absurde code Hays des années cinquante. Avec les robes toujours plus décolletées et transparentes de Marilyn Monroe, les baisés langoureux de Joe et Sugar, et le travestissement de Joe et Jerry. Billy Wilder mélange les genres cinématographiques pour parler du mélange des genres sexuels, faisant sans cesse passer ses personnages d'un genre à l'autre. Il ose même aborder le sujet du mariage homosexuel, avec Jerry alias Daphne, qui va se marier avec le milliardaire Osgood. Et avec cette dernière réplique culte, lorsque Jerry avoue à Osgood qu'il ne peut pas l'épouser parce qu'il est un homme, et que celui-ci lui répond « Well, nobody's perfect. ». Certains L'aiment Chaud est un beau pied-de-nez au code Hays et à la bien-pensance hypocrite et étriquée des années cinquante!
J'ai vraiment aimé ce film, qui m'a beaucoup fait rire. En bref, je conseille à tous Certains l'aiment chaud, la célébrissime comédie de Billy Wilder, toujours drôle et rafraîchissante même 50 ans après.