Ces garçons qui venaient du Brésil par Ninesisters
La traque des nazis, voilà bien une des histoires les plus riches et les plus passionnantes du XXème Siècle. Une histoire qui peut tout aussi bien servir de base à une fiction, comme ici avec Ces Garçons qui venaient du Brésil, adaptation du roman éponyme signé Ira Levin, auteur notamment de Rosemary’s Baby.
Bien que fiction, Ces Garçons qui venaient du Brésil s’intéresse à des personnalités existantes ou inspirées de celles-ci. Le vieux Ezra Lieberman, figure centrale du long-métrage, représente clairement Simon Wiesenthal, le plus célèbre chasseur de nazis. Quant à sa Némésis, le Dr Josef Mengele, il a bel et bien existé.
Josef Mengele, médecin membre des SS, compte parmi les nombreux praticiens affectés aux camps de concentration, et qui vont mener sur les prisonniers des expériences atroces sans un seul regard pour l’éthique et la morale humaine ; le pire étant que la grande incompétence de ces médecins fera qu’ils n’aboutiront dans l’ensemble à aucun résultat concret, ils n’ont fait que participer à leur façon à la machinerie de mort des camps. De tous ces médecins, Josef Mengele reste aujourd’hui le plus connu, pour plusieurs raisons : sa position comme médecin-chef du camp tristement célèbre d’Auschwitz-Birkenau, son sadisme rare, et le fait qu’il ne fût jamais arrêté.
Ses expériences se focalisaient sur la gémellité, mais il a aussi travaillé sur l’amputation des membres sans anesthésie, la modification de la couleur des yeux, et autres expériences glauques qui ne mèneront à rien. Tout au plus réalisa-t-il quelques coupes de crânes humains qui furent employées pendant plusieurs années dans sa faculté de médecine.
La première chose à noter sur Ces Garçons qui venaient du Brésil, c’est qu’il s’agit d’un film bien fait, dans le sens où le directeur – le grand Franklin J. Schaffner – nous livre une réalisation toute en justesse, sans fioriture, portée par deux acteurs impressionnants, qui habitent littéralement leur rôle respectif : Laurence Olivier en Ezra Lieberman, et surtout Gregory Peck en Josef Mengele, incroyablement crédible en scientifique fanatique.
La grande force de ce long-métrage reste évidemment son scénario. Ceux ayant lu le livre auparavant le trouveront probablement moins profond que l’œuvre d’origine, mais il s’agit là d’une constante. Autour d’un criminel fascinant, Ira Levin a bâti une histoire aussi passionnante, dérangeante, voire effrayante qu’a pu l’être le personnage lui-même. Le complot que va découvrir Ezra Lieberman a de quoi ébranler les consciences, à la fois par son horreur mais aussi par ce qui paraissait, à l’époque où le livre a été écrit, comme de la science-fiction. Difficile d’en dire tellement plus sans trahir les secrets du scénario, il suffit de savoir que nous avons affaire à une œuvre policière passionnante, basée sur un thème fort – la chasse aux criminels de guerre nazis – avec quelques éléments presque fantastiques du meilleur effet.
Ces Garçons qui venaient du Brésil est un film rare, à la fois par une histoire palpitante qui sait sortir des sentiers battus, et la qualité de sa mise en scène et de son interprétation. Un titre un peu oublié de nos jours, dû pourtant à un réalisateur qui a su marquer son temps, mais qu’il ne faut pas hésiter à redécouvrir.