C’est un film sur l’esprit las.
Durant toute sa recherche, Chloé apparait blasée et poursuit la pièce manquante de sa jeunesse.
Elle encaisse la succession de blessures qu’elle a appris à connaitre, telles que le mépris de ses collègues, l’exaspération de son travail, le harcèlement de rue, le sentiment de décalage, les obligations sociales qui s’imposent à une jeune femme. La lente mise en scène de Klapisch nous plonge dans le désenchantement permanent de la protagoniste et l’impossibilité de saisir sa vie, qui n’a plus rien à lui présenter de vibrant : les colères sont tièdes, les rires sont courts, les peurs sont tues, les envies sont économisées. Les choses sont faites sans sens, parce qu’elles seraient ainsi. Seulement, la recherche d’un « quelqu’un » est le seul but timidement avoué de sa vie et met en exergue les principaux moments de fragilité de Chloé.
La recherche du chat était bien sûr celle de son favori comme le montre le dénouement ; chacun étant présent depuis le début, malgré l’exploration de tout l’arrondissement. Mais quelle morale trouver à cette solution niaise ? Le bonheur serait sous notre nez prêt à nous accomplir ? Faut-il attendre la vibration de la vie ?
À mon sens, le seul intérêt du film réside dans la scène finale, qui justifie le reste sans intérêt notable, grâce à une mise en abime incontrôlée.
Comparons la vie de Chloé et l’intérêt du film sans sa fin : une continuité vide, enrichie par certains événements isolés qui ponctuent un fil dont on ne sait plus quoi attendre, et justifiant de se contenter de se laisser porter par des fulgurances de la vie, accompagnée d’émotions passagères et de personnages d’ordinaire attachants mais se révélant très insignifiants. Mais, l’ennui n’est pas désagréable, il ressemble déjà à une routine, le pilotage automatique de la vie, il dénue seulement le sens de celle-ci.
Cette vacuité est d’ailleurs exprimée par le tableau de Benoit qui peint un être vidé de tout, plongé dans un environnement absent et opposé à lui.
Seulement, l’étincelle arrive et justifie, excuse la vacuité de tout le reste. L’état las est balayé par l’excitation, comme preuve que la plus statique des situations peut être explosée par un seul rythme d’une vie (ou d'un film, merci la BO...)