Ce film, que j'ai vu un nombre incommensurable de fois, a la totale capacité de me détendre, de me charmer et de me faire rire à la fois.
Je le trouve simple, sans prétentions, mais plus complexe et intéressant qu'il n'y parait au premier abord.
Les personnages sont simples et très attachants.
Il y a d'abord Chloé, interprétée par la lumineuse Garance Clavel (actrice qu'on voit trop peu malheureusement). C'est une jeune fille un peu réservée, nonchalante, légèrement paumée, un peu entre deux vagues. Elle occupe une chambre chez son ami Michel, qui l'héberge gentiment le temps qu'elle se trouve un pied à terre plus pérenne.
Chloé est maquilleuse de profession et subit les remarques un peu déplacées des jeunes actrices et surtout de leurs managers prétentieuses, éternellement insatisfaites. Milieu bobo chicos parisien, assez insupportable (on sent ici la critique acerbe de Klapisch envers ce milieu qu'il honnit).
On a l'impression que Chloé subit un peu sa vie, qu’elle aspire à d'autres ailleurs, qu'elle est dans l'attente que quelque chose survienne dans cette vie un peu monotone et fasse tout basculer. L'amour ? On comprend très vite qu'elle n'attend que ça. Elle le cherche maladroitement, mais a du mal à le trouver. Surviendra t'il au détour d'une rue ?
Je me suis identifiée rapidement à Chloé, non pour son côté nonchalant, mais pour cette époque de la vie, que j'ai vécu un peu de la même façon, durant laquelle on est un peu en stand bye.
On voudrait que tout démarre, mais rien ne vient, alors on a un peu le vague à l'âme. Mais tout à coup, au moment où on s'y attend le moins, badaboum ! On réalise que ... Et si ? Non, lui ?
Il y a aussi Michel, l'ami qui héberge Chloé. C'est un jeune homme gay adorable et très cultivé, qui a une vie bien remplie, assez agitée, avec de nombreux petits copains, notamment un qui va prendre une certaine importance et s'installer tranquillement chez Michel, au grand dam de Chloé. Celle-ci se sent rapidement envahie, d'autant que les deux amoureux ne cachent rien d'une sexualité assez bruyante, mais ne peut rien dire car pas chez elle. Alors, elle patiente en attenant des jours meilleurs. Bientôt une perspective de départ en vacance, alors ça l’aide à tenir. Mais au fait, que faire de Grigri durant son absence ?
Il y a également le batteur d'en face, interprété par un Romain Duris, tout jeune, les dread locks en liberté autour de sa tête. Un type sympa, mais pas tour à fait le style de Chloé.
Il y a Djamel, qui fait "de vachement belles photos", un peu simplet et maladroit. Tendrement interprété par Zinedine Soualem, Djamel va aider de toutes ses forces et de tout son énergie Chloé à chercher son chat.
Et puis, il y a Mme Renée, interprétée par elle-même. Tout un roman. Difficile à décrire. Il faut la voir pour le croire.
Bref, voici les éléments disparates d'une ** foule bigarrée** qui fait tout le charme de ses quartiers promis soit à la destruction soit à la spéculation immobilière, ou au mieux à la gentrification.
Cédric Klapisch montre ici son fort attachement aux quartiers populaires de Paris, qui hélas se raréfient.
Vous savez ces endroits avec ses bistrots de quartiers, les voisins qu'on finit par connaitre de mieux en mieux au fil des années, les petites mamies à qui on confie nos chats pendant les vacances, les jeunes qui rendent service, les mecs un peu paumés qui traînent toujours au même endroit etc.
Et oui, quelle tristesse. Finalement, ce film c'est aussi, derrière la petite bluette, un film de dénonciation et un film aussi ethnologique. Comme quoi, l’essentiel se perd dans les détails et le sans prétention peut nous accrocher plus vigoureusement que les grandes théories.
Si comme moi, vous voulez tomber sous le charme de Madame Renée et de ses copines de l’association "Le chat mon ami", alors courrez le voir !
"Mais au fait, vous l'avez vu le film ? Non ? Alors commencez pas fermer votre g... ! "