Les derniers feux du Paris populaire, que les Clair, Carné ou Duvivier ont souvent filmé, d'un ça c'est Paris, d'un Paris qui ne sera plus, d'un village au centre de la grande ville où le lien social n'est pas impossible, d'un Paris qui perdra son âme, sa raison d'être, sous la destruction des bulldozers et de la gentrification, le tout sous l’œil attendri et mélancolique de Cédric Klapisch.
J'ai toujours trouvé que ses meilleurs films étaient où il mettait en scène une galerie de personnages qu'il réussit à croquer juste en quelque 24 images seconde, à leur donner une vérité, à donner l'impression qu'on les connaît, qu'on les croise depuis longtemps, avec leurs qualités et leurs défauts (oui, j'ai eu envie de décocher par-ci par-là quelques taloches, en particulier au coloc ; dans la réalité, je ne crois pas que je supporterais ce type plus de cinq secondes, mais bon, dans un groupe, il y a généralement toujours au moins quelqu'un que l'on fait en sorte d'éviter le plus possible !). Là, avec cette œuvre, on est en plein dedans, le réalisateur utilisant habilement l'argument de départ pour remplir ce but.
En effet, à travers la recherche de son chat, c'est par l'intermédiaire de la protagoniste, continuant à vivre sa vie du mieux qu'elle le peut (donc, reléguant le fil conducteur au second plan, car c'est un prétexte bien mimi, touchant émotionnellement les amoureux de nos sacrés petits tigres d'appartement dont je fais partie, mais un prétexte quand même !), qu'on rencontre tout ce beau monde.
Évidemment, on ne manque pas d'y voir des visages très familiers dans la filmographie du réalisateur (Zinedine Soualem, Renée Le Calm, Simon Abkarian, Romain Duris !), entourant une Garance Clavel, adorable et fraîche comme ce n'est pas permis (dommage qu'elle n'ait pas réussi à ou qu'elle n'ait pas voulu confirmer par la suite !).
Il y a un charme et une énergie, un sens du divertissement et un de l'humain qui font de Chacun cherche son chat un des films les plus personnels et réussis (si ce n'est le plus réussi !) de Klapisch.