Chloé, une jeune maquilleuse un peu repliée sur elle-même, habite seule dans un appartement à Paris rue de la Roquette, tout près de la Place de la Bastille. En fait elle n'est pas tout à fait seule car son chat Gris-Gris lui tient compagnie. Mais voici que les vacances se profilent et la jeune femme confie pour ce temps l'animal à Madame Renée, une dame âgée mais encore très virulente et aimant les matous. Lorsque Chloé rentre de son séjour c'est le drame. Madame Renée, désespérée, lui apprend que l'ami Gris-Grisa disparu et demeure introuvable. Sa maîtresse va alors se lancer dans une campagne d'affichage intense dans le quartier et enquêter auprès des habitants en compagnie de Djamel, un jeune voisin qui se porte volontaire. Mais le moral baisse à la mesure des jours qui passent sans que le chat ne réapparaisse...
La fugue de Gris-Gris va donner l'occasion à Chloé, toute à sa peine, de découvrir grâce à son enquête de proximité et à ses multiples petites affiches ce quartier en pleine mutation qui fut aussi convivial qu'un village.
C'est aussi l'occasion de faire la connaissance de cette population cosmopolite qui peuple ce coin de Paris du onzième arrondissement. On casse les vieux immeubles, les anciens magasins sont remplacés par de nouvelles vitrines au plus grand dam des anciens habitants qui assistent impuissants à cette transformation plaçant leurs habitudes quotidiennes et leur cadre de vie au rang des souvenirs. Il faut dire que Chloé et son "aide "détective" Djamel remuent ciel et terre pour retrouver cette bête pendant que Madame Renéese désespère malgré le réconfort de ses amies du troisième âge. Et cette pauvre Chloé qui n'avait que Gris-Gris pour compagnie se lamente et prend peur lorsque Djamel croyant apercevoir la bestiole sur le toit d'un immeuble va tenter une capture hasardeuse sous les yeux des passants médusés et stressés.
Vraiment, Cédric Klapisch pour sa troisième réalisation nous a concocté un film infiniment sympathique en nous faisant découvrir les gens, les vieilles rues et les vieux murs de cette rue de la Roquette qui s'écroulent un peu plus chaque jour. Les anciens voient peu à peu leurs souvenirs disparaître ainsi que leur cadre de vie. Grâce à ce chat, Chloéet Djamelnous servent de guide en nous prenant à témoin de l'ampleur du désastre aux yeux des plus anciens. Par contre la solidarité se fait jour grâce à cette affaire. Madame Renée n'est plus la seule à rendre service dans le quartier. C'est pourquoi j'ai adoré ce petit bijou d'un réalisateur qui a su aussi nous montrer des petites scènes typiques de la rue qui peuvent rappeler à nous-même des souvenirs un peu engloutis.
Il y a de l'émotion mais aussi des sourires au détour de toutes les scènes qui s'imbriquent les unes aux autres sans trame vraiment définie. Côtés comédiens,Gris-Grisest excellent dans son rôle très "fugitif". Chloé, Garance Clavel, est une jeune femme talentueuse, très naturelle que l'on a plaisir à suivre dans les dédales de son quartier en compagnie de Djamel, joué par Zinedine Soualem en garçon un peu simple mais d'un extrême dévouement et très sympathique, se transformant même en roi de l'équilibre. Et puis il y a cette fameuse Madame Renée, une amoureuse des chats et qui est loin d'avoir la langue dans sa poche et qu'incarne si bien Renée Le Calm.
Vous n'êtes certainement pas nombreux à avoir pu profiter de ce délicieux moment de nostalgie et de tendresse. J'espère que cette critique vous encouragera à vous intéresser à cette œuvre qui mérite vraiment de s'y attarder. En tout cas Cédric Klapisch nous apporte ici la preuve qu'avec de modestes moyens il y a possibilité d'offrir une œuvre très attachante et qui reste en mémoire.
Ce film a obtenu :
- 1996 : Prix de la Critique internationale, section Panorama, au Festival de Berlin,
- 1996 : XIIe Grand Prix de la Fondation Martini et Rossi pour le cinéma, pour encourager de jeunes réalisateur.
- 1996 : XIIe Grand Prix de la Fondation Martini et Rossi pour le cinéma, pour encourager de jeunes réalisateurs.
Box-Office France: 678 995 entrées
Ma note: 8/10