Que Luca Guadagnino s'enivre de sa propre virtuosité n'est pas une nouveauté en soi, il usait déjà des mêmes effets grandiloquents, il y a 15 ans, dans Amore. Dans une filmographie plutôt inégale, Challengers ne figurera cependant pas dans les catastrophes puisque la chose est plutôt distrayante, dans une veine sexy que Zendaya, la belle de match, et ses deux compères illustrent avec une certaine intensité. En tant que film de sport, racontant le destin de deux amis d'adolescence, également doués pour le tennis mais aux destins opposés, Challengers a beau monter au filet avec entrain, sa crédibilité est réduite (un vainqueur de grand chelem dans un challenger ? Hum), la rivalité entre les deux athlètes se situant bien plus sur le terrain privé, qui seul intéresse le cinéaste italien. Avec sa multitude de flashbacks comme autant de twists, une musique qui surligne, des ralentis signifiants et des parties de tennis filmées pour donner le tournis, Guadagnino stylise à l'excès, sans approfondir quoi que ce soit dans ce prétendu triangle amoureux qui dévoile assez tôt, son évident sous-texte homosexuel. On peut toutefois prendre un plaisir décomplexé au film, quoique il aurait été meilleur raccourci mais son emphase presque permanente en fait tout au plus un objet glamour et décoratif qui tend à prouver que des balles neuves ne suffisent pas à remporter le match quand le service est défaillant.