C'est marrant, parce que le tennis, d'habitude, j'en ai rien à foutre. Et Lucas Guadagnino, j'en ai rien à foutre. Et puis je suis pas un fan absolu de Zendaya, ni des teen movies. Et pourtant j'ai adoré Challengers.
Vendu sur une bande annonce racoleuse, le film promettait un triangle amoureux entre trois jeunes bourgeois du monde du tennis, et ça, il le donne. Par contre, ne vous attendez pas à voir un film avec plus de scènes de sexe qu'un épisode de Game of Thrones, parce qu'on est plutôt dans un film sur le désir, la frustration et la manipulation qu'autre chose. Et puis, de temps à autre, y'a quand même du tennis (beaucoup, même).
La première chose à mettre au crédit du film, c'est sa narration, hyper rafraîchissante et dynamique, qui nous présente un match de tennis entre ces deux trentenaires, et qui va, au fur et à mesure de flashbacks qui constituent l'essentiel du film, nous poser de plus en plus d'enjeu autour de ce match. C'est ça qui rend le film hyper intense, et qui monte crescendo : quand on croit avoir enfin saisi ce qui se joue dans ce match, le film rajoute une scène qui redistribue toutes les cartes. De ce point de vue, le film pourrait être qualifié d'hyper-Hitchcockien, tant la tension ne fait que monter tout du long pour exploser dans son climax.
Mais tout ça ne marcherait pas autant sans une réalisation soignée et jouissive, qui fait des corps de ces athlètes des purs objets de désirs, et qui nous crie que tout cela, au fond, n'est pas une histoire de sport, mais bien une histoire de cul. C'est également cette réalisation qui réinvente la manière de filmer le tennis à chaque scène, situant le film dans la continuité des films de sport particulièrement inventifs, aux côtés de Raging Bull pour la boxe, et de L'Enfer du Dimanche pour le football américain.
En bref, je ne m'attendais à rien, et bordel, j'ai kiffé.