Challengers
6.4
Challengers

Film de Luca Guadagnino (2024)

Voilà que je me décide à écrire sur ce film. Vu un soir d’avril à sa sortie. Salle pleine. Pas vraiment envie. Pas clair.

Insignifiant ? Débile ?

Deux manières d'apprécier ce film débattaient en moi, tel deux critiques contradictoires de Télérama sous un crâne, ce qui peut être fatigant, avouons-le.

*

La première, comme une histoire de triolisme amoureux dans le milieu du tennis. Postulat surprenant voire carrément débile et couplé à de nombreuses afféteries de mise en scène sans queues ni têtes. Ainsi, les deux mecs se regardent en mangeant des bananes en souriant, ou bien se touchent le genou comme si peut-être il y aurait-y-pas une ambiguïté la dessous, dis-donc. Sauf que pas vraiment. Ou peut-être ? Ces lourdeurs sont apparemment une constante chez Luca Guadagnino.

Puis à l'apparition de Zendaya, l'excellente musique de Trent Reznor et Atticus Ross vient souligner sa beauté, l'impact de son charisme et de son jeu de tennis sur les deux garçons. Car le tennis, c'est important, au moins autant que le sexe apprend-on, puisqu'à partir de là, chaque moments vaguement sensuel ou comportant du tennis sera surligné par un skud susceptible d'expédier n'importe quel raver d'Ibiza triturer son chewingum sur un dancefloor industriel.

Les deux mecs tombent immédiatement amoureux de la belle intelligente et excellant au tennis, épitomé de la femme parfaite.

Eux-même ne sont pas mauvais dans ce sport, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle elle les rejoint dans leur chambre, avant de les challengers sur leur match du lendemain en promettant de donner son numéro de téléphone au vainqueur. Et ce n'est pas pour rigoler car pour elle aussi, c'est clair, le tennis est très important.

En fait c'est LA chose la plus importante et plus tard, au bout d'au moins cinq ellipses dans sa narration, quand le film nous montrera elle et son petit ami dans sa chambre universitaire, ce dernier aurait bien fait de s'en souvenir en lui lâchant cette bombe: " On ne pourrait pas parler d'autre chose que de tennis !?"

Alors le personnage de Zendaya se révulse, c'est _ heu _ normal à ce stade (?)... ET Là ! Eh bien, le drame se noue…

**

La deuxième vision du film serait d'apprécier la parabole entre l'univers du sport, de la compétition, _ donc du tennis _ , et les rapports amoureux. Mais modernes, les rapports, et américains de Grandes écoles type Stanford., avec une vision léchée frigorifiée d'un érotisme post-Adrian Lyne, et des discours édifiants pas toujours totalement cons si on valide une lecture méritocratique des rapports amoureux entre des jeunes tous très belles et beaux... et qu'on aime le tennis.

Or, ces deux visions du film ne percutent jamais pour former mélange et la question se pose de se lever et partir, surtout que la fin est ridicule. On pourra donc aisément aller aux toilettes voire swiper confortablement sur son canapé en ne loupant rien des instants-clés aussi surlignés qu'une pub.

Pourtant, au bout de trois semaines, j'en rigole. Alors je me rends à l’évidence, comme le dirait une amie anglaise chère à mon cœur, ce film est cheesy, un peu honteux mais avec un potentiel de revisionnage indéniable, comparativement à n'importe quel Adrian Lyne se prenant désespérément au sérieux.

Et la musique envoie, les acteurices aussi _ la balle ça va de soi, oui ,car rappelons-nous,

c'est important.

Créée

le 10 mai 2024

Critique lue 14 fois

Swindgen

Écrit par

Critique lue 14 fois

D'autres avis sur Challengers

Challengers
Plume231
1

Jeu, sexes et splash !

Alors deux informations à savoir avant, éventuellement, de regarder ce film : premièrement, pour les homosexuels et les femmes hétérosexuelles, on voit quelques bites et quelques culs masculins,...

le 26 avr. 2024

60 j'aime

9

Challengers
Yoshii
6

Les prisonniers de Zendaya

Challengers n'est peut être au fond qu'un stigmate, une cicatrice sur un genou, striant une peau au grain délicat, l'empreinte symbolique d'un "Call me by your Name" qui tel un fardeau sert...

le 27 avr. 2024

43 j'aime

11

Challengers
mymp
6

Jeu, sexe et match

On connaît désormais l’équation (complexe ?), on sait la formule (magique ?) : deux garçons, une fille, trois possibilités. Soit, dans Challengers, Art et Patrick, amis d’enfance devenus rivaux de...

Par

le 12 avr. 2024

19 j'aime

Du même critique

Heureux gagnants
Swindgen
6

néo-sauvages

Film à sketches et donc inégal, racontant les conséquences entrainées par un ticket gagnant à la loterie, le début dans les rues de Marseille situe bien le sujet et son genre d'humour noir, plutôt ...

le 15 mars 2024

6 j'aime

1

Napoléon vu par Abel Gance
Swindgen
10

Et c'est la même chose de regarder ces âmes ou de regarder l'océan

La crainte du génie est le commencement du goût disait Hugo en parlant d’Eschyles et les plus cinéphiles d’entre nous connaissent ces films-mondes qu’il arrive parfois, rarement, de croiser au...

le 15 juil. 2024

3 j'aime

2

Civil War
Swindgen
8

Time is now

La résistance s'organise Règle N°20: Ne pas toujours se fier à une bande annonce. Si comme moi après avoir visionné la bande-annonce deux-trois fois vous pensiez trouver dans ce film un ersatz...

le 19 avr. 2024

3 j'aime