Voilà que je me décide à écrire sur ce film. Vu un soir d’avril à sa sortie. Salle pleine. Pas vraiment envie. Pas clair.
Insignifiant ? Débile ?
Deux manières d'apprécier ce film débattaient en moi, tel deux critiques contradictoires de Télérama sous un crâne, ce qui peut être fatigant, avouons-le.
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La première, comme une histoire de triolisme amoureux dans le milieu du tennis. Postulat surprenant voire carrément débile et couplé à de nombreuses afféteries de mise en scène sans queues ni têtes. Ainsi, les deux mecs se regardent en mangeant des bananes en souriant, ou bien se touchent le genou comme si peut-être il y aurait-y-pas une ambiguïté la dessous, dis-donc. Sauf que pas vraiment. Ou peut-être ? Ces lourdeurs sont apparemment une constante chez Luca Guadagnino.
Puis à l'apparition de Zendaya, l'excellente musique de Trent Reznor et Atticus Ross vient souligner sa beauté, l'impact de son charisme et de son jeu de tennis sur les deux garçons. Car le tennis, c'est important, au moins autant que le sexe apprend-on, puisqu'à partir de là, chaque moments vaguement sensuel ou comportant du tennis sera surligné par un skud susceptible d'expédier n'importe quel raver d'Ibiza triturer son chewingum sur un dancefloor industriel.
Les deux mecs tombent immédiatement amoureux de la belle intelligente et excellant au tennis, épitomé de la femme parfaite.
Eux-même ne sont pas mauvais dans ce sport, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle elle les rejoint dans leur chambre, avant de les challengers sur leur match du lendemain en promettant de donner son numéro de téléphone au vainqueur. Et ce n'est pas pour rigoler car pour elle aussi, c'est clair, le tennis est très important.
En fait c'est LA chose la plus importante et plus tard, au bout d'au moins cinq ellipses dans sa narration, quand le film nous montrera elle et son petit ami dans sa chambre universitaire, ce dernier aurait bien fait de s'en souvenir en lui lâchant cette bombe: " On ne pourrait pas parler d'autre chose que de tennis !?"
Alors le personnage de Zendaya se révulse, c'est _ heu _ normal à ce stade (?)... ET Là ! Eh bien, le drame se noue…
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La deuxième vision du film serait d'apprécier la parabole entre l'univers du sport, de la compétition, _ donc du tennis _ , et les rapports amoureux. Mais modernes, les rapports, et américains de Grandes écoles type Stanford., avec une vision léchée frigorifiée d'un érotisme post-Adrian Lyne, et des discours édifiants pas toujours totalement cons si on valide une lecture méritocratique des rapports amoureux entre des jeunes tous très belles et beaux... et qu'on aime le tennis.
Or, ces deux visions du film ne percutent jamais pour former mélange et la question se pose de se lever et partir, surtout que la fin est ridicule. On pourra donc aisément aller aux toilettes voire swiper confortablement sur son canapé en ne loupant rien des instants-clés aussi surlignés qu'une pub.
Pourtant, au bout de trois semaines, j'en rigole. Alors je me rends à l’évidence, comme le dirait une amie anglaise chère à mon cœur, ce film est cheesy, un peu honteux mais avec un potentiel de revisionnage indéniable, comparativement à n'importe quel Adrian Lyne se prenant désespérément au sérieux.
Et la musique envoie, les acteurices aussi _ la balle ça va de soi, oui ,car rappelons-nous,
c'est important.