Le sport en général et le tennis en particulier, je m'en tamponne l'oreille avec une babouche. Heureusement pour moi, bien qu'au cœur de "Challengers", le tennis sera ici totalement accessoire. Ce qui intéresse Luca Guadagnino, c'est un trio amoureux des plus toxiques. Entre une ex-prodige du tennis, et deux jeunes talents qu'elle séduit en un revers.
Le film bénéficie de ses solides interprètes, Zendaya en tête. Outre le fait qu'ils parviennent à incarner avec conviction des personnages sur près de 20 ans (de pré-adultes à trentenaires tassés), ils font ressortir les émotions de plus en fouillée au fur et à mesure que s'ajoute les couches de complexité relationnelles.
Toutefois, tout n'est pas explicite et ne passe pas que par le jeu (d'acteur). Luca Guadagnino mise allègrement sur l'implicite, les petits détails, ou, entre deux blagues vachardes, les sous-entendus à peine voilés (dont l'évidente attirance pour les hommes de certains personnages). Et il utilise le tennis comme métaphore largement sexualisée : on aura vite compris à quoi font référence les va-et-vient de balles !
Au passage, la BO électronique survoltée n'est pas sans évoquer le divertissement pour adulte... En tout cas à ce niveau ne vous attendez pas messieurs à vous rincer l’œil. Si nos trois acteurs sont largement érotisés, ils resteront bien habillés, surtout Zendaya. Par contre plusieurs figurants exhiberont leur raquéquette, chose toujours relativement rare dans un film américain !
Je souligne également la mise en scène dynamique, avec ses mouvements de caméras et son montage énergique... du moins dans une certaine limite. Le final n'est pas forcément de bon goût, avec ses plans subjectifs et ses ralentis excessifs. Par ailleurs, le film fait des allers-retour en permanence entre les époques, jusqu'à l'indigestion. Je comprends la volonté de révéler des détails dans un ordre non-linéaire pour augmenter le suspens, mais ici c'est souvent artificiel et inutilement alambiqué.
Dommage car ça aurait pu être encore mieux !