L’intrigue de ce drame d’époque est classique. Une jeune Anglaise se retrouve tiraillée entre deux hommes. Un passionné ténébreux qu’elle a rencontré lors de vacances en Italie. Et un riche snob très rigide qui la demande en mariage. Lequel va-t-elle choisir ?
Ca aurait pu être sans grand intérêt, sauf que « A Room with a View » est un film du tandem Ivory / Merchant. En conséquence, les dialogues et les situations s’avéreront subtils. Dévoilant les complexes so british de la haute société, les non-dits, et autres implicites. Ce triangle amoureux sera en réalité un prétexte pour dresser une peinture de cette époque.
En parlant de peinture, James Ivory se complait d’ailleurs à filmer certaines scènes comme des tableaux, ou à faire des parallèles avec des œuvres d’art. Je citerai à ce niveau le premier acte qui offre une très jolie visite de Florence (Duomo, Piazza della Signoria, Ponte Vecchio, tout y passe !). Dont une séquence surprenante de rixe sanglante au milieu de statues Renaissance. Mais aussi une étonnante scène de bain masculine, où nos acteurs jouent aux faunes, et s’adonnent à de la nudité frontale !
Tandis que le film bénéficie évidemment de ses interprètes de qualité. Helena Bonham Carter, dont c’était le premier rôle au cinéma, et qui incarne une protagoniste qui a tendance à mentir (y compris à elle-même) pour fuir ses sentiments. Maggie Smith, qui même plus jeune, a toujours l’air vieille (!), joue le chaperon un peu trop strict. Judi Dench interprète également un petit rôle de critique/auteur pompeuse. Avouez que ce n’est pas tous les jours que l’on peut voir ces trois dames réunies dans une même scène !
Chez les messieurs, Daniel Day-Lewis, alors peu connu, cabotine doucement en snobinard guindé. Feu Julian Sands m’a pour le coup surpris. On le voit en général dans des seconds rôles sinistres, il incarne ici l’amant reclus mais passionné !
Un beau film.