Comédie de moeurs autant que de caractères, "Chambre avec vue" raconte comment le sens des convenances et le puritanisme de la bourgeoisie victorienne pourraient empêcher l'histoire d'amour entre la jeune Lucy et George Emerson. Ils se sont rencontrés en Italie et le hasard les fait se rapprocher une nouvelle fois en Angleterre.
Costumé et ouvertement romantique -la nature, dans le préambule italien comme la suite dans le cottage anglais, tient une place prépondérante- le sujet sentimental de James Ivory est somme toute conventionnel. Mais il est riche de ses personnages, de cette belle et virginale Lucy jouée par la ravissante Helena Bonahm-Carter, de cette tante vertueuse et coincée ou de ce peut-être futur époux amidonné, trop cérébral pour être viril semble-t-il.
Tout au long du film, Ivory oppose à l'éducation anglaise corsetée l'image ou le souvenir de l'Italie, emblématique d'une certaine liberté et d'élans du coeur non contenus. En jeune fille bien élevée, Lucy refoule ses sentiments "italiens".
Le film n'est pas sans quelques longueurs en rapport avec certaines évidences du scénario et des personnages, mais on demeure constamment sous le charme, sous une séduction à laquelle l'interprète de Lucy n'est sûrement pas étrangère.